Retranscription des premières minutes :
- C'était il y a près de 4 ans, une fusillade à Bordeaux dans le quartier sensible des Aubiers, quartier sensible comme on dit, fusillade au terme de laquelle un adolescent de 16 ans, Lionel, était fauché mortellement. Le procès se tient en ce moment et un certain nombre de témoins finissent par renoncer à venir parler. Parfois certains se rétractent. Pourquoi ? Ils le disent, ils ont peur de représailles. Ils ont peur, pour certains d'entre eux, d'affronter le regard des accusés.
- On en parle avec notre invité, Maître Yann Herrera. Bonjour.
- Bonjour.
- Soyez le bienvenu sur Sud Radio. Merci beaucoup de nous rejoindre de si bon matin.
- Vous êtes avocat de la partie civile et des proches de Lionel, assassiné en 2021 quand il avait 16 ans.
- Le procès de la peur, on renonce à venir témoigner en France. Est-ce que d'abord vous avez déjà vécu ça, vous, en tant qu'avocat ? Alors, des rétractations dans des procédures, des gens qui ne témoignent pas, ça arrive.
- En si grand nombre et avec des explications aussi explicites, ça c'est une première.
- On avait déjà vu en cours de procédure ce phénomène-là, puisqu'il y a eu des rétractations en cours de procédure, en cours d'instruction. Mais je ne vous cache pas que la démonstration de force qui est intervenue dès le premier jour du procès a précipité ce réflexe-là, avec non seulement des témoins qui ont écrit, en faisant part de leur peur.
- C'est un éclairage supplémentaire sur la nature de ce dossier-là, et des gens qui acceptent de comparaître, mais qui ne disent plus rien finalement. Et c'est effectivement inédit dans cette ampleur-là.
- Oui, et ça revient au même. Alors j'aimerais que vous nous racontiez, malgré toute cette fameuse démonstration de force qui a eu lieu au premier jour du procès, parce que c'est effectivement là que ça a décidé beaucoup de choses.
- Oui, et cette démonstration, en réalité, est à l'origine des incidents. Je m'explique. Il se trouve que j'en ai été témoin, donc je peux le relater d'autant plus facilement.
- Que cette audience-là, en réalité, c'était, pour le premier jour, assez bien passé. On ne peut pas dire autre chose.
- C'était apaisé. Peut-être même un peu désincarné, à vrai dire. On avait un côté un peu administratif, mais ça, c'est tout à fait normal.
- C'est le premier jour, on s'installe, on lit l'acte d'accusation. Donc l'audience se passait sereinement, il n'y avait pas de difficulté.
- Avec une séparation naturelle entre... Je peux parler des camps aujourd'hui, puisque c'est l'histoire de ce dossier, et c'est ce que révèle la suite. Avec une séparation naturelle entre les camps. D'un côté, le banc des partis civils, avec les habitants des Aubiers, et de l'autre côté, le box des accusés, avec les habitants, pour certains d'entre eux, il y avait effectivement des spectateurs également, le camp Saint-Louis, si j'ose dire.
- De l'autre quartier.
- Au vu du nombre des accusés, la présidente avait installé certains des avocats de la Défense dans le banc des spectateurs, parce que le box était trop petit pour accueillir tout le monde, et que certains des accusés étaient libres.
- La présidente avait exigé que le banc derrière ces avocats soit laissé libre, et en toute fin d'audience, alors que la présidente s'apprêtait à lever l'audience, on a vu arriver une dizaine d'individus, dont on apprendra par la suite qu'ils étaient passés par le tribunal pour contourner la sécurité qui avait été mise en œuvre, dont on jugera qu'elle est insuffisante, ça c'est toujours facile de refaire l'histoire, mais en tout cas elle avait été mise en œuvre du côté de la cour d'appel. Les intéressés, finalement assez bien préparés, sont passés par le tribunal pour déjouer la sécurité. Ils sont arrivés, j'en avais compté huit, on m'a appris qu'ils étaient neufs, ils sont arrivés tous en même temps, tous vêtus de noir, avec des gabarits impressionnants, pour vous dire, moi je mesure 1m80, quand je les ai vus arriver, tout de suite je me dis, tiens, qui c'est ça ? On s'est tous fait la réflexion, on s'est sentis petits, et puis surtout, il y a quelque chose qui se passait.
- Qu'est-ce qu'ils ont fait ces...
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