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Par avec Xavier Moreau

Russie/Ukraine : quelles issues pour la fin du conflit ?


Où en est-on dans le conflit russo-ukrainien ? Aboutit-on à la fin de l'affrontement entre la Russie et l'Ukraine ? Quelles issues pour ce conflit ? On en parle avec Xavier Moreau, historien et analyste politico-stratégique.
Les invités

Accompagné d'un invité expert, André Bercoff détaille pour vous, du lundi au jeudi, un fait marquant de l'actualité du jour. À retrouver sur Sud Radio et en podcast.

André Bercoff avec Xavier Moreau

Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :

"Dans l'opinion publique russe, chez les gens que vous voyez, que vous fréquentez, avec qui vous parlez, est-ce qu'il y a un divorce avec l'Occident ?"

André Bercoff : Les ballets du Bolchoï, oui, c'est la valse des flocons, la cosse noisette, évidemment. Allez mettre le décor. Bonjour Xavier Moreau. Alors Xavier Moreau, vous êtes, je le rappelle, entrepreneur, vous vivez en Russie, vous êtes Franco-Russe, vous vivez en Russie depuis 24 ans. Vous m'avez dit que vous êtes arrivé le même jour où Poutine a pris le pouvoir, ni voyons aucune marque d'un complot, mais c'est intéressant. Et puis vous avez fondé ce site StratPol qui est très très suivi sur effectivement, sur la géopolitique, sur l'économie, etc. Alors moi je voudrais vous demander, je ne vais pas vous demander si vous êtes pour ou contre l'Invasion Russe ou pour ou contre Poutine. Ça me paraît évident et c'est très bien. Chacun, si vous voulez, qu'est-ce qu'on fait nous ici à Sud Radio ? On invite des personnes de toutes opinions et surtout des personnes qui vivent, qui savent ce dont ils parlent. Après on peut être pour, on peut être contre, c'est un autre problème. Xavier Moreau, vous, vous avez écrit d'ailleurs plusieurs livres sur l'Ukraine, sur la gauche aussi effectivement. Et ce que je vous demandais, vous vivez en Russie et ce qui m'intéressait beaucoup, c'est d'avoir effectivement le sentiment de l'opinion publique russe, du peuple russe. Et puis de ce qui se passe évidemment en économie, parce que vous êtes aussi entrepreneur et qu'est-ce que tout cela fait, fait perdre, fait rapporter ? Et sans parler, hélas, des centaines de milliers de morts parce que le pire c'est ça. Je voulais savoir, c'est qu'aujourd'hui, on a l'impression, vous savez, on se rappelait, moi j'ai lu les discours de Poutine traduit en français. En 2020, il était, je ne dis pas qu'il frappait à la porte de l'Europe, il n'aurait pas été contre effectivement que la Russie se rapproche de l'Europe. C'est pas loin, c'est il y a 20 ans, un peu plus de 20 ans. Aujourd'hui, l'impression qu'on a est au-delà de Poutine et je voulais vous demander, dans l'opinion publique russe, chez les gens que vous voyez, que vous fréquentez, avec qui vous parlez, est-ce qu'il y a un divorce avec l'Occident ? Est-ce qu'ils estiment qu'aujourd'hui il y a vraiment une espèce de faille, une espèce de cassure ?

Xavier Moreau : Oui, alors je répondrai sur deux plans à votre question. Il y a de toute manière une rupture qui, à mon avis, est pour très longtemps avec Washington. Et il y a une rupture qui est pour un peu moins longtemps avec l'Europe, déjà pour des raisons géographiques tout simplement. Avec Washington, on le sent vraiment puisque les accusations sont directes de la volonté de Washington de découper la Russie en morceaux en fait.

"C'est la doctrine Wolfowitz."

André Bercoff : Ils pensent vraiment que Washington veut ça ?

Xavier Moreau : Oui, en plus Washington le dit, ça fait partie du programme. Washington a toujours considéré la Russie comme son adversaire, c'est la doctrine Wolfowitz.

André Bercoff : Les néoconservateurs ?

Xavier Moreau : Oui, les néoconservateurs, tout au début des années 90. Alors que la Russie et l'URSS a acté sa fin, que ça s'est plutôt bien passé avec élégance, comme dirait Emanuel Todd. Et bien les Américains ont toujours continué à considérer la Russie comme un ennemi, comme la seule puissance qui pourrait battre les États-Unis, notamment militairement. Et donc a entrepris d'étendre l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie. Et ce qui est intéressant aussi, c'est ce qu'a dit il n'y a pas très longtemps Vladimir Poutine. Il a dit, lui il a observé ça dans les années 90. Et il se disait, bon c'est pas possible, on n'a plus d'idéologie communiste, donc on n'est plus une puissance expansionniste idéologique. Mais il y a une inertie, donc c'est pour ça qu'il continuait à soutenir les terroristes tchétchènes dans le Caucase, c'est pour ça etc. Et puis finalement, il est arrivé au pouvoir et il a vu qu'au contraire, il y avait une véritable volonté de briser la Russie définitivement. Et il a été discret jusqu'en 2007, parce qu'il fallait reconstruire l'Etat russe. Mais en 2007, il y a eu ce fameux discours de Munich, à la conférence de sécurité à Munich, où là il a désigné l'adversaire en disant, il faudrait arrêter de nous faire croire que vous faites ça pour le bien de l'humanité, mais en fait, vous ne respectez pas les règles que vous nous imposez. Et ce discours a été maintenu. Donc avec les États-Unis, je pense que c'est pour longtemps. Après, ça dépend aussi de ce que vont faire les États-Unis, si Trump revient et qu'on bascule dans une politique isolationniste, ça ira très bien pour la Russie. En ce qui concerne le lien avec l'Europe, j'ai eu la chance d'interviewer il n'y a pas longtemps, qui est vice-président du Parlement russe, la Douma, et je lui ai posé la question, il m'a dit, on est parti pour une décennie de mauvaises relations. Donc pour eux, je pense aussi particulièrement avec la France, on a eu cette réflexion de Dimitri Medvedev il n'y a pas très longtemps, qui n'était pas très heureuse à mon avis. Mais c'est aussi voir que la France, après le bombardement du centre-ville de Belgorod, a dit que c'était de l'autodéfense. Ça, ça a été très mal perçu. (...)

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