Retranscription des premières minutes :
- Vous êtes toujours avec Perico Légas et surtout vous êtes avec Philippe Bilger.
- Monsieur l'avocat général, je peux vous appeler procureur ou avocat général ? Vous avez été ? Quitte à plutôt avocat général.
- Monsieur l'avocat général auprès de la cour d'assises.
- À la fois de la cour d'appel de Paris et donc avocat général à la cour d'assises de Paris.
- Alors précisément c'est sur ce terrain-là que je veux aller.
- Je voudrais un petit cours de droit pour que les auditeurs entendent régulièrement les termes parquet, siège, président de cour d'appel, président de cour d'assises, le parquet, le ministère public, l'avocat général, le procureur.
- Pouvez-vous nous donner rapidement la description ? Alors le siège, c'est les sièges, les juges qui jugent.
- Alors en gros, si on reste dans la matière pénale, bien sûr, il y a les juges qui jugent, qui siègent, qui sont assis et qui sont indépendants par principe.
- Ils le sont vraiment ou non ? Je l'espère.
- Parlez librement.
- Oui, je crois que objectivement, le siège est indépendant, d'autant plus que nous avons aujourd'hui un pouvoir politique qui, au moins officiellement, n'intervient plus sur les délibérations des juges.
- Ils peuvent se tromper, bien sûr.
- La justice est humaine.
- Mais en gros, ils sont indépendants.
- Et de l'autre côté, on a donc le parquet.
- Ce sont les magistrats qui poursuivent au nom du peuple français.
- Et quand j'avais à définir ma fonction, plutôt que de dire que je défendais l'intérêt social, je disais que j'étais l'avocat de tous les citoyens, en quelque sorte, et que, par ma voix, j'espère la moins médiocre possible, nous aboutissions devant les cours d'assises à des décisions, des arrêts de condamnation ou d'acquittement si le doute était important.
- Alors les magistrats du siège jugent en leur rame et conscience, en fonction de leur connaissance du droit, mais bien sûr en fonction aussi de leurs valeurs personnelles.
- Et c'est pour ça qu'ils sont là.
- Ils ont jugé en droit.
- En face, il y a le parquet, donc le ministère public, Fouquiez, qui vit pour porter le titre d'accusateur public.
- C'est très violent.
- Est-ce que, pour autant, un magistrat du parquet est tenu d'aller dire de requérir et d'accuser systématiquement ? Ou un représentant du parquet peut dire, mais je suis désolé, les charges ne sont pas très lourdes ? Ou voilà, l'inculpation, aujourd'hui mise en examen, je ne vois pas pourquoi cette personne est dans le prétoire.
- Je n'ai supporté la magistrature et l'institution judiciaire que parce que d'abord, je ne les voulais pas, et ensuite parce que, pour les supporter, j'ai toujours dû les adapter à ce que j'étais.
- Et donc, je peux dire que dans ma carrière d'avocat général, puisque j'ai commencé, mon premier poste était juge d'instruction à Lille, mais plus de 20 ans à la cour d'assises de Paris, j'ai toujours requis ce que je pensais et donc, naturellement, la plupart du temps, lorsque la culpabilité est démontrée, je requerrais une peine, mais j'ai requis un certain nombre d'acquittements, non pas parce que j'aurais découvert miraculeusement dans le box un innocent, je n'ai jamais connu le coup de théâtre à la Montecristo, mais parce qu'il y avait des causes sur lesquelles le doute était trop important pour que je puisse requerir une condamnation.
- Donc, vous pouvez me jurer que vous n'avez jamais quelquefois accusé pour le principe qu'il fallait accuser.
- En ce sens-là, je crois n'avoir jamais commis d'erreur judiciaire, c'est-à-dire faire condamner quelqu'un alors que le coupable se trouvait ailleurs, mais parfois, j'ai commis, c'est évident, des erreurs d'interprétation, j'ai donné trop d'importance à tel aspect contre tel autre, mais ça, c'est en quelque sorte l'inévitable rançon d'une liberté personnelle.
- Vous convenez que vous avez pu commettre des erreurs d'appréciation en toute bonne foi, en tout honnêteté intellectuelle et juridique.
- L'appel sert à ça.
- Oui, alors ça n'était même pas des erreurs qui, me semble-t-il, concernaient, je dirais, la sanction que je requerrais.
- C'était plutôt dans l'analyse des ressorts criminels.
- Quand j'ai eu l'affaire...
Transcription générée par IA