Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h. Patrick Roger.
- Il est 7h13 à l'écoute de Sud Radio. Qui manifeste ? Qui est derrière cet appel à la grève ? Et qui ne soutient pas ? Témoignage ce matin de Bruno Cardo. Il est agriculteur dans l'Aisne. Bonjour.
- Salut, salut, Patrick.
- Bon. Vous, Bruno Cardo, vous êtes agriculteur. Vous avez plutôt de la sympathie, entre guillemets, pour ce mouvement.
- Mais vous bossez, donc vous ne pouvez pas manifester. C'est ça ? Oui, c'est ça. Vous savez, en fait, un paysan qui se plaint pas, c'est qu'il est malade. Non, plus sérieusement, la manif...
- Bon, on en fait des manifs. Il faut savoir qu'à chaque fois, il faut qu'on puisse nous remplacer sur les fermes, conduire le tracteur ou nous...
- Donc c'est là, pour moi, aujourd'hui, c'est plutôt récolter des betteraves qui m'occupent. Donc vu que mon patron, c'est la météo, il faudra qu'il y ait quelqu'un, en fait, qui porte ma voix aujourd'hui, parce qu'on a pas mal de choses à dire, comme tout le monde.
- Oui, c'est ça. Donc si vous pouviez participer, vous seriez dans la rue. Je pense... On a pris votre exemple, Bruno Cardo, parce qu'il y a beaucoup d'autres personnes qui sont salariées ou qui sont dans des petites boîtes et qui soutiennent plutôt le mouvement.
- Mais qui ne peuvent pas aller manifester. Vous, qu'est-ce que vous voudriez exprimer si vous étiez dans la rue, Bruno Cardo ? Oui, c'est ça. C'est ce qu'on appelle la France qui bosse. Et pas que. Moi, je veux vraiment exprimer un besoin de vision pour mon métier.
- Et donc pour ça, j'ai besoin d'une vraie stabilité politique. C'est vraiment la base pour avoir cette vision-là qui est super importante.
- Vous savez, nous, on travaille dans le long terme. On travaille du vivant au végétal, animal. Donc ça, c'est super important.
- Et aujourd'hui, le président Macron, en fait, il est hypocrite, parce que devant nous, il nous dit qu'il faut aider l'agriculture française.
- C'est super important. La souveraineté alimentaire, c'est important. Et en fait, dans les faits, tous les jours, on importe toujours plus.
- Tous les jours, on a des règles et des distorsions de concurrence qui s'aggravent. Et c'est super grave.
- Je vais prendre une image pour que vous compreniez du football. Moi, agriculteur français, en fait, on nous demande avec mon équipe de gagner la Coupe du monde de l'alimentation et de l'agriculture. Vraiment la Coupe du monde.
- Sauf que nous, on a des buts qui sont plus grands. On n'a pas de crampons aux pieds. On a un slim et puis un sac à dos.
- Donc on ne peut pas gagner. Ce n'est pas possible. C'est vraiment ce qui nous arrive aujourd'hui.
- Mais ce n'est pas forcément le même motif que beaucoup qui vont manifester aujourd'hui. Et puis certains qui disent « Oui, mais de toute manière, c'est un mouvement initié avant tout par les syndicats et la gauche ».
- Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui ont ces arguments ? Et je les vois beaucoup sur les réseaux sociaux.
- La question que l'on pose, justement, si on soutient ou pas cette journée de mobilisation ? Le truc, c'est qu'en fait, tout métier, tout Français a quelque chose à redire. Parce qu'en quelque part, il n'y a rien qui va.
- Donc après, que ce soit récupéré politiquement, j'ai envie de dire, c'est comme d'habitude. Mais à un moment donné, il faut quand même qu'on s'exprime. Et pour s'exprimer, moi, citoyen français, j'ai quoi ? J'ai mon bulletin de vote ou alors je manifeste.
- Je n'ai pas 50 solutions. Et encore, avec mon bulletin, j'ai l'impression que parfois, il est plutôt piétiné, entre guillemets.
- Et ça ne fait que rajouter de la colère, en fait. Et c'est ça qu'il faut qu'en fait, les décideurs, les élus comprennent que c'est quand même nous, Français, qui subissons toutes les décisions. C'est nous qui sommes premier maillon de toute décision. Et il va falloir être beaucoup plus cohérent et beaucoup plus efficace, surtout pour nous.
- Oui. Mais qu'est-ce que vous voudriez, alors ? Vous voudriez qu'il y ait davantage de citoyens qui soient consultés lors de la prise de décision...
Transcription générée par IA