Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, ça va mieux en le disant, Jean Dorido.
- Bonjour Jean, bonjour Jean-Marie, bonjour à tous.
- Docteur en psychologie, fondateur d'HypnoseParis.com, chaque semaine vous épluchez toute l'actualité avec votre regard de psychologue.
- Revenons sur le crash de cet avion d'Air India qui s'est écrasé juste après son décollage.
- Ça s'est passé jeudi, bilan qui fait état d'au moins 265 morts.
- C'est rarissime ce type d'accident, pourtant ça marque toujours les esprits.
- Tout le monde en parle, tout le monde regarde les images en boucle.
- Pourquoi les crashs aériens, Jean, frappent autant les esprits ? Alors c'est une très bonne question Jean-Marie.
- Le premier point, c'est que la psychologie nous apprend que l'accès à l'information ne se fait pas uniquement de façon cognitive.
- Notre cerveau n'enregistre pas uniquement des faits, il est sensible aux émotions.
- Or ces catastrophes aériennes, elles génèrent un impact émotionnel extrêmement fort.
- Cet impact, il est encore accentué par les images.
- Absolument terribles, que ce soit dans ce drame tragique d'Air India ou d'autres catastrophes aériennes.
- Et le dernier point, pour couronner le tout si j'ose dire, ce n'est pas le moindre, c'est que ce genre d'accident vient réactiver chez certaines personnes une peur, panique de l'avion.
- On peut parler chez certaines de phobie, et ça c'est un point important parce que l'Association Internationale du Transport Aérien évalue à 20% de la population générale les personnes en proie à une angoisse irrationnelle en avion.
- C'est considérable.
- Ça place l'avion.
- Ça passe la phobie de l'avion dans le groupe de tête des phobies les plus répandues.
- Alors justement, Jean, on comprend l'importance de toutes ces émotions, du choc, mais expliquez-moi pourquoi, par exemple, l'avion génère davantage de peur que la voiture, alors même que j'ai beaucoup plus de chances de mourir d'un accident de voiture que d'un accident d'avion.
- Alors oui, vous avez complètement raison Jean-Marie, c'est un fait.
- Il y a trois explications sur ce sujet.
- D'abord, lorsqu'une personne conduit son automobile, elle développe un sentiment de contrôle.
- Alors c'est peut-être une illusion, mais elle se dit que c'est elle qui est aux commandes, et ça, ça la rassure.
- Le deuxième point, c'est qu'il y a bien souvent, même dans les accidents de voiture les plus tragiques, un faisceau d'explications très rationnelles, compréhensibles, qui arrivent immédiatement.
- La personne au volant était ivre-morte, ou alors elle était sous l'emprise de stupéfiants, elle roulait trop vite, elle consultait son smartphone, et ces explications très claires, immédiates, elles viennent encore accentuer ce sentiment de contrôle, qui est un remède supplémentaire à l'anxiété.
- Et puis, troisième point, par contraste, dans le cas d'une catastrophe aérienne, eh bien c'est précisément tout le contraire.
- Les causes du crash mettent très longtemps à être identifiées, et il y a même des accidents tragiques qui restent inexpliqués.
- Typiquement, souvenez-vous du vol de la Malaysia Airlines, le 8 mars 2014, 35 minutes après le décollage, l'avion disparaît des écrans radars, 239 personnes à son bord, et encore aujourd'hui, personne n'a d'explication définitive sur ce qui s'est passé.
- Au point d'ailleurs qu'on n'est pas du tout sûr qu'il s'agisse vraiment d'un accident, mais ça, il y a des chances qu'on ne le sache jamais, malheureusement.
- Alors Jean, pour conclure, c'est quoi le dernier biais dans notre regard sur les crashs aériens ? Alors le dernier biais, c'est ce qu'on appelle le biais de disponibilité.
- Comme les catastrophes, elles sont spectaculaires, elles marquent profondément les esprits, et ces informations se retrouvent par conséquent très disponibles dans votre cerveau.
- À l'arrivée, lorsque vous cherchez à vous remémorer de gros crashs aériens, eh bien elles vous reviennent très facilement à l'esprit.
- C'est dingue ! Oui, le Concorde juillet 2000, le crash de la Germanwings en 2001, le crash de la Germanwings en 2015, ou encore tout récemment, l'hiver dernier, le Boeing 737 en Corée du Sud, et ça, ça crée l'illusion qu'en fait il y a plein de crashs aériens, alors qu'en fait non, c'est juste votre cerveau qui le retient mieux que les accidents de voiture, dont vous n'êtes même pas au courant en fait, précisément parce qu'il y en a trop.
- Et ça, votre cerveau rationnel et intelligent, il le comprend, mais votre cerveau limbique,...
Transcription générée par IA