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Réforme de la SNCF par ordonnance

Natacha Polony revient aujourd'hui sur la réforme de la SNCF qui sera menée par ordonnances.

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Le gouvernement a lancé sa réforme de la SNCF, présentée en conseil des ministres hier. Les ordonnances font hurler l'opposition. À tort ou à raison ?

La rhétorique est simple : il faut faire vite, on a assez traîné, les Français veulent des résultats. Avec un argument censément démocratique : les Français seraient majoritairement pour la révision du statut des cheminots. Donc, roulez jeunesse. Sauf que les choses sont un peu plus compliquées. Emmanuel Macron a deux chances : les syndicats sont décrédibilisés parce qu'ils ont pendant des années utilisé leur mandat pour défendre des intérêts corporatistes, pour défendre les "insiders", ceux qui avaient déjà de l’emploi, en oubliant totalement les outsiders, ceux qui sont exclus du système. Deuxième chance, ses prédécesseurs n'ont rien fait. Pire, concernant la SNCF, ils ont privilégié le TGV au détriment des investissements dans les lignes secondaires et de banlieue. Bref, la situation est devenue intenable, et tout le monde considère qu'il faut faire quelque chose. Tapis rouge. Mais c’est oublier que la démocratie ne repose pas seulement sur le vote, une fois tous les cinq ans, de citoyens qui n'ont eu le choix que de "faire barrage" au Front National.

Certes, les ordonnances sont dans la constitution. Mais la démocratie, c'est aussi et surtout de combiner la voix des citoyens et celles des corps intermédiaires qui constituent des instances de débat. C'est également de tenir compte des oppositions dont le rôle est de limiter le sentiment de toute puissance de la majorité. En l'occurrence, si les Français sont majoritairement pour la révision du statut des cheminots, ils ne sont certainement pas pour la privatisation de la SNCF. Les corps intermédiaires que sont les syndicats ne méritent pas d'être méprisés, pas plus que les oppositions. Or, une fois de plus, Emmanuel Macron a éprouvé le besoin, non seulement d'affirmer ce qu'il veut faire, ce qui est légitime, mais aussi de déclarer que seuls sont hostiles 'quelques commentateurs fatigués'. Après les fainéants et les déclinistes.

Et quand le député communiste André Chassaigne parle de dictature technocratique, il n'exagère pas tant que ça. Toute une part de la loi est une transcription de directives européennes sur lesquelles les Français n'ont jamais été consultés. Et le maître d'œuvre, c’est Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée, énarque issu de la direction du Trésor, qui incarne cette administration formatée à la vulgate libérale, hostile aux services publics et à l'aménagement du territoire au nom de la rentabilité. On est très loin de la volonté des citoyens.

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