Officiellement ces manifestations n’avaient rien à voir avec les défilés un peu plus agités des Gilets Jaunes qui ont lieu le samedi. C’était organisé par neuf syndicats différents, et plusieurs associations. Mais officieusement il y avait évidement une porosité entre ces protestations et celles des Gilets Jaunes. D’abord parce que les manifestations avaient lieu dans la France des Territoires, là où il y a une forte empathie avec les Gilets Jaunes. Ensuite parce comme pour eux les revendications portent sur le pouvoir d’achat et la baisse de la fiscalité. Les retraités qui battaient le pavé réclamaient une augmentation généralisée des retraites et la suppression du gel des pensions alors que l’inflation augmente de 1,8 % par an.
Cela signifie qu’une nouvelle France des Invisibles est en colère. Les retraités sont considérés par les politiques comme des français que l’on peut taxer et tondre. Pourquoi ? parce qu’on les imagine dans des maisons de retraite. Et c’est vrai qu’il faut remonter à 2017 pour retrouver la première grande manifestation de retraités. Le problème, c’est qu’à 62 ans on peut être retraité, en pleine forme, et avoir une toute petite pension, tout en ayant encore des parents à aider. Il y a une sociologie des retraités dont les politiques ne tiennent pas compte. Et ils ont tort. Car ce sont eux qui font vivre les territoires. Or la semaine passée un rapport de l’OFCE – observatoire plutôt classé à gauche – a montré par A + B que cette année le pouvoir d’achat des ménages allait augmenter au détriment de celui des retraités. Selon cette étude 25 % des ménages de retraités devraient accuser une baisse de leur revenu disponible. Les auteurs chiffrent la perte moyenne annuelle à 240 euros pour des retraités vivant seuls et à 390 euros pour un couple. Du coup on voit apparaître, c’est vrai, une nouvelle France des Invisibles qui est en train de craquer. Et c’’est un mouvement à surveiller comme le lait sur le feu.