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Pourquoi Emmanuel Macron a décidé de supprimer l’exit tax

L'annonce du président de la République de supprimer l'Exit Tax fait polémique. Pourtant, on pouvait s'y attendre...

 

Il y a d’abord la manière : Emmanuel Macron, à un an de mandat, fait la Une du magazine Forbes, connu pour son classement des plus grosses fortunes du monde.

Le titre : Leader of the free markets. ("Le chef de file des marchés libres.")

Bref, le fils caché de Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Dans cette interview, Emmanuel Macron explique, en gros, que les Français n’avaient pas bien compris la modernité, mais qu’il va leur faire un cours en accéléré. Grâce à son mantra, son mot magique, celui qui donne l’impression qu’on a un coup d’avance, qu’on a tout compris à Schumpeter et au caractère révolutionnaire du capitalisme : la France, l’industrie, l’agriculture, on été disruptées, nous dit-il. Et ça va continuer et il n’y a pas d’alternative. Au cas où quelques naïfs auraient imaginé que les citoyens pouvaient choisir leur destin et l’organisation de la société.

Et c’est donc dans cette interview qu’il annonce la fin de l’exit tax. Le 1er mai, jour des travailleurs, dans un magazine américain.

Histoire de montrer au peuple français dans quelle estime il le tient. Alors, on peut ergoter sur ce que rapportait cette taxe. De fait, pas grand-chose puisque les premiers concernés évitaient de vendre pour ne pas avoir à payer sur la plus-value.

Mais bien sûr, le Président nous explique que ça décourageait les start-up. Pourquoi ? Parce que ceux qui voulaient partir pour fuir l’impôt étaient pénalisés ! Donc, on efface tout, ils pourront s’exiler tranquillement. En quoi ça les incitera à créer de l’emploi en France et à contribuer à l’effort collectif ? On ne sait pas bien. Mais au moins, la France ressemblera un peu plus aux pays anglo-saxons qui font rêver notre président.

C’est quand même un pied-de-nez à ceux qui le traitent de président des riches.

Le message est clair : pas la moindre concession, pas de compromis, le programme d’adaptation de la France aux critères néolibéraux de la libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises ira jusqu’au bout.

Pendant ce temps, il donne une interview littéraire à la Nouvelle Revue Française, on y parle retour du tragique de l’histoire, on cite Giono et Colette, c’est chic, c’est profond.

Mais à aucun moment notre Président si lettré ne se dit que Giono et Colette ne sont possibles que dans un monde aux antipodes de celui qu’il nous prépare, un monde qui résisterait à ces critères économiques impérieux. Jean Giono a écrit des pages hilarantes contre le progrès obligatoire. Celles-là, Emmanuel Macron n’a pas dû les lire.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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