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Les universités bloquées pour de mauvaises raisons

Il reste quatre universités perturbées. Et maintenant, c'est Sciences Po qui s'y met. De quoi inquiéter le gouvernement ?

L'université de Tolbiac bloquée par les étudiants ©Capucine Bouillot - Sud Radio

 

Déjà, on va retenir un éclat de rire. Donc, des jeunes gens – on ne dira pas des fils à papa même si on le pense très fort – au cœur du VIIe arrondissement, le plus cher de la capitale, dans une école qui, à l’exception des filières ZEP, est le temple de la reproduction sociale, jouent à mai 68 avec cagoule et chant révolutionnaire pour que tout le monde entre la fac.

Eux, bien sûr, ils ont passé un concours ultrasélectif, qui garantit la valeur de leur diplôme et qui leur permettra d’intégrer plus tard tous les cercles du pouvoir. Mais pour les autres, surtout pas de sélection. Ils ont le droit d’aller échouer en fac et de sortir à bac+5 sans boulot. Solidarité avec les pauvres ! On rêve ! Une fois qu’on a dit ça, on peut entrer dans le vif du sujet.

Les blocages sont en train de se régler peu à peu, et là aussi, les réseaux sociaux sont en train de changer la donne en permettant aux étudiants non bloqueurs de se faire entendre.

Restent quelques sites problématiques comme Tolbiac et Toulouse, où se joue quelque chose qui n’a plus rien à voir avec l’Université et Parcoursup. Et pourtant, il y aurait beaucoup à dire sur l’Université, son rôle, son sens, même, alors que cette institution existe depuis le XIIe siècle. Encore un sujet que nos deux compères de l’interview, Plenel et Bourdin, ont oublié dans leur entretien qui doit renouveler le genre, c’est dommage.

Il y a bien sûr la question de l’orientation, pour éviter les 50 % d’échec en première année. Il y a la question du niveau des jeunes gens, au moment où ils entrent à la fac. On en est à leur refaire des cours de grammaire de base, alors imaginez leur capacité à suivre un cours magistral en amphi. Mais derrière cela, il y a ce qu’on met sous le tapis depuis des décennies.

L’Université, originellement, c’est le lieu du savoir spéculatif, non rentable. La massification a obligé à y inventer des filières professionnalisantes, mais sans que personne n’essaye de penser leur articulation avec la recherche, et la façon dont on allait maintenir et financer une recherche qui, par définition, ne doit pas espérer de rentabilité immédiate.

Et comment fait-on pour valoriser ce trésor que sont des doctorats qui, ailleurs dans le monde, sont reconnus, alors que nos chercheurs ne trouvent aucun travail ? Un peu plus essentiel qu’une rave party à Tolbiac.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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