Il faut aller chercher la raison de ce plan banlieues du côté de… la réforme institutionnelle que prépare Emmanuel Macron et des échéances à venir dans le quinquennat. Un accord politique a été passé avec l’UDI, dont Jean-Louis Borloo est le fondateur. Au terme de cet accord, L’UDI de Jean-Christophe Lagarde soutient la réforme de la Constitution, vote le budget et élabore des alliances en vue des européennes et surtout des municipales. Au passage, cet accord permet de ne pas être soumis aux demandes de Bayrou, qui l’a très mal pris... C’est donc la raison pour laquelle en novembre dernier, Emmanuel Macron a demandé à Jean-Louis Borloo dans le cadre d’un déplacement à Valenciennes de lui faire cet état des lieux sur les quartiers populaires et sensibles.
On a souligné le ton très sec il y a quelques jours de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. "Ce n’est pas Borloo qui décide", a-t-il dit sur LCI. Ça m’a mis la puce à l’oreille et effectivement, il semble tout bonnement que l’Élysée ne sait pas trop quoi faire avec ce dossier pas très apprécié, avec des mesures spectaculaires comme la cour d’équité territoriale ou l'Ena des banlieues. Bref, le président va devoir faire un exercice de style pour prendre des mesures sans donner le sentiment qu’il enterre, car l’effet boomerang serait terrible. De leur côté, les associations font pression en disant que c’est tout le plan ou rien du tout !
Il y a dix ans, il fallait casser la gauche avec Sarkozy. Fadela Amara était envoyée en pole position. Finie la glandouille et vive le CAC40 en 2007 ! Dix ans plus tard, il faut fracturer la droite, selon le mot d’Emmanuel Macron, et c’est Borloo, tête de gondole de la droite sociale et humaniste, qui est embauché au nom d’un accord avec l’UDI.
Entre-temps, la vie dans les banlieues continue de se dégrader…
Réécoutez en podcast l’édito de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio