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La Catalogne, entre amertume et confusion

Henri Guaino revient ce mercredi sur la situation confuse en Catalogne.

La Catalogne, entre amertume et confusion. Le feuilleton continue et une fois de plus, les commentateurs patentés, qui font la morale à tout bout de champ et donnent des leçons de démocratie à tout le monde, se sont trompés, aveuglés par leur bonne conscience. Et si le roi et Rajoy avaient eu raison ? Voilà la question qui se pose aujourd'hui.

Le président du gouvernement régional de Catalogne, jamais en panne d'inventivité, vient de créer la déclaration d'indépendance suspendue dans laquelle le gouvernement espagnol voit, à juste titre, une déclaration implicite d'indépendance. C'est une indépendance réelle dont les effets juridiques sont différés mais l'excès d'habileté en politique finit souvent mal. En voulant finasser, le gouvernement régional s'est empêtré dans les contradictions de sa majorité et les inconséquences de sa stratégie de saut dans le vide politique, économique et juridique. Aux apôtres du politiquement correct qui approuvaient encore il y a quelques jours l'attitude des indépendantistes et opposaient la légitimité des urnes à la brutalité policière de Madrid, on a envie de dire : et maintenant ?

On a dit que le gouvernement de Madrid aurait perdu la fameuse bataille des images, faisant basculer la démocratie du côté des "gentils" indépendantistes dont on voit pourtant qu'ils sont d'une rare intolérance avec ceux qui ne partagent pas leurs idées. Passons sur ce phénomène qui, de temps en temps, transforment subrepticement l'information continue en propagande avec l'aide des réseaux sociaux, en faisant tourner sans arrêt quelques images - toujours les mêmes - qui ressemblent à celles qu'on pourrait filmer dans n'importe quelle opération de maintien de l'ordre dans des démocraties où la liberté de manifester est un droit. En réalité, les policiers espagnols semblent n'avoir chargé que ceux qui les empêchaient d'entrer ou sortir des bureaux de vote. Que faisaient-il d'autre que faire respecter la loi et la constitution ? Ce sont les chefs indépendantistes qui jouaient avec le feu en espérant, au fond d'eux-même, qu'il y aurait beaucoup de brûlé pour s'attirer la sympathie de l'opinion et de la communauté internationale. A lire certains éditorialistes on aurait pu le penser, mais à voir les manifs dans toute l'Espagne et l'énorme mobilisation des anti-indépendantistes à Barcelone dimanche dernier, on se rend compte que non.

Le gouvernement espagnol et le roi ont eu raison d'être ferme sur les principes, ils n'avaient d'ailleurs absolument pas le choix. C'était leur rôle. Lorsque l'on voit la mobilisation des pros et antis, on prend surtout la mesure de la confrontation que peut engendrer le jusqu'au-boutisme des indépendantistes. Car il ne s'agit pas en réalité d'une libération mais d'une sécession.

On constate que la nation résiste aux forces centrifuges de la sécession. Même dans un pays où les régionalismes sont aussi vivaces qu'en Espagne, les sécessionnistes ont réveillé le sentiment national espagnol, y compris en Catalogne. C'est la grande leçon de ces derniers jours, il y a un peuple espagnol qui finalement ne veut pas disparaître.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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