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Pierre-Antoine Plaquevent : "George Soros a toujours été obsédé par le politique"

Par Jean-Baptiste Giraud

Quelle est cette vision du monde de George Soros résumée dans le nom de sa fondation, la Société ouverte ? André Bercoff en parle sur Sud Radio le lundi 21 octobre 2024 avec Pierre-Antoine Plaquevent, analyste politique et auteur de Soros et la société ouverte : métapolitique du globalisme (Éditions Culture et Racines).

Pierre-Antoine Plaquevent
Pierre-Antoine Plaquevent, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

D’où vient George Soros et en quoi est-il différent des révolutionnaires classiques ?

Pierre-Antoine Plaquevent : "Les révolutionnaires classiques n'avaient pas eux-mêmes les fonds pour mener leurs actions"

"C'est un de ces magnats de la finance qui a construit sa fortune personnelle à partir des années 60-70, qui a créé un des premiers hedge funds, comme on les appelle. Et qui a ensuite, à partir de là, mené des actions qu'on peut même considérer de piraterie boursière. Comme notamment l'attaque sur la livre sterling au début des années 90. Et de là, il a constitué une fortune colossale qui s'est élevée à un moment donné autour des 24 milliards de dollars, voire plus. Mais ce qui est intéressant, c'est finalement, au 20ème siècle, vous avez eu des gens, des révolutionnaires professionnels comme des Trotsky, des Lénine, etc. Mais ils n'avaient pas eux-mêmes les fonds pour mener leurs actions. Et en quelque sorte, Soros, c’est quelqu'un qui est à la fois le financier et l'acteur politique révolutionnaire. Il a toujours été obsédé par le politique et l'action sur le réel", a répondu Pierre-Antoine Plaquevent.

"Pour George Soros, toutes les sociétés non démocratiques seraient par essence des puissances totalitaires"

Qu’est-ce que la "Société ouverte", et pourquoi le nom de Karl Popper a-t-il autant d’importance ? "On pourrait dire que c'est le trans-frontisme, l'internationalisme radical au service de la haute finance. Donc finalement, c'est presqu’une forme de lutte des classes inversée où ce sont les plus riches qui essayent de fabriquer un modèle politique qui leur corresponde. Et sur leur route, en quelque sorte, se trouve l'État-nation et même le principe d'État en tant que tel, qui est un principe régulateur et qui leur pose problème pour étendre leurs activités. Il a repris l'idée de société ouverte des travaux de Karl Popper. Il a été formé par Karl Popper lors de ses études à la London School of Economics. Il a radicalisé le propos de Karl Popper.

Déjà, le livre La société ouverte et ses ennemis est le livre le plus polémique de Karl Popper, puisque c'est un livre qu'il a écrit à l'époque, dans les années 30, entre la montée du socialisme et du national-socialisme, pour réarmer le libéralisme politique en quelque sorte. Et donc, c'est un livre assez dual dans sa présentation, parce que finalement, il y a les sociétés ouvertes d'un côté qui seraient les sociétés libérales, et puis en face, les sociétés fermées. Finalement, il remonte un fil à travers l'histoire de l'Occident qui serait que presque toutes les sociétés non démocratiques sont par essence des puissances totalitaires. Et donc, avec ce biais-là, Soros va trouver un levier d'action et un levier dialectique simple pour attaquer toutes les sociétés qui sont réticentes à son projet ou à ses monnaies financières ou métapolitiques", a expliqué Pierre-Antoine Plaquevent.

"Personne n'a envie de passer pour le réactionnaire ou celui qui est fermé"

Comme l’explique Pierre-Antoine Plaquevent, pour George Soros, un pays est soit "avec nous" ou "contre nous". "Avec un budget en 2023 d’1,7 milliard de dollars par an, on peut faire beaucoup de choses. Et donc, il y a différents champs d'action. À partir de cette lecture de Popper, il a nommé ses fondations les Fondations pour une société ouverte. En sachant que toute société qui s'oppose à son projet est une société fermée. Bon, c'est assez simple, ça a marché pendant des années, personne n'a envie de passer pour le réactionnaire ou celui qui est fermé. Donc, si vous êtes contre moi, vous êtes fermé. Bon, c'est binaire, mais ça fonctionne. Encore que ça s'essouffle à notre époque. Mais ça a eu son âge d'or en quelque sorte depuis les années 80 jusqu'aux années 2000-2010, qui sont vraiment les moments clés de l'activité métapolitique de Soros, qui est devenue plus reconnaissable qu'auparavant."

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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