Des propos recueillis par Stéphane Burgatt, mis en forme par Augustin Moriaux.
Félix Auger-Aliassime n’est pas seulement l'attraction du circuit du haut de ses 19 ans, il est aussi et avant tout au homme au grand cœur. La pépite au léger accent québecois dispute en ce moment l’Open 13 de Marseille. Après avoir atteint la finale de Rotterdam la semaine passée face à Gaël Monfils, le voilà donc dans le dernier carré de la cité phocéenne, après avoir battu Pierre-Hugues Herbert dans un match marathon (6-0, 6-7, 7-6). Et impossible de ne pas établir de parallèle entre ses performances haut de gamme et sa nouvelle initative. Car tout altruiste et engagé qu'il est, le Canadien d’origine togolaise est à la base d’un projet humanitaire original : reverser des fonds pour l’éducation au Togo en faisant ce qu’il sait faire le mieux : jouer.
Le deal est simple : à chaque point marqué, Félix Auger Aliassime reverse 5 dollars et son sponsor triple la mise. Exemple concret après son match très disputé contre Herbert. "Presque deux heures et demi de match, près de 100 points probablement" estime-t-il. En réalité, il y en eût même 212 au total dont 118 gagnés par le Canadien. Soit plus de 2300 dollars.
Félix Auger-Aliassime : "C'est peu d'argent pour nous mais ça fait des différences énormes là-bas (au Togo, ndlr). C'était une envie de ma famille et de mon côté, ça part de loin. Mon père était au Togo dans sa jeune vingtaine, j'ai toujours eu le souhait de redonner à ce pays. Former des instructeurs, enseigner l'école mais aussi le sport aux enfants. C'est un projet qui naît tout juste, qui va grandir avec ma carrière, on verra jusqu'où on peut aller."
Stéphane Burgatt : "Ça motive pendant le match aussi ou pas ?"
FAA répond avec le sourire, comme toujours : "Oui, peut-être que parfois sur un petit 0-40, au lieu d'aller au banc directement, ça donne envie de gratter un petit point. Il faut savoir que 5 dollars là-bas, c'est comme 500 euros ici."
18e joueur mondial à tout juste 19 ans, "Félix" semble promis à une grande et belle carrière. La tête sur les épaules, il souhaite d'ores et déjà donner un sens à celle-ci en laissant sa trace. Car les trophées ne font pas tout. À tous les détracteurs des sportifs considérés parfois comme égoïstes, voilà un exemple incarné de ce qui se fait de mieux sur un plan humain : ne jamais oublier d'où l'on vient.