Sud Radio s'est entretenu avec un membre de la tribu maoris Ngati Porou. L'explication du Haka, les chances des Bleus face aux All Blacks, et l'ambiance sur l'île du Pacifique avant ce choc, Tamati Nukunuku se confie. Rencontre.
Tamati, quel est votre lien avec le rugby et le peuple Maoris ?
Je suis un descendant du peuple Maoris, plus précisément, de la tribu Ngati Porou qui vit au nord-est de la Nouvelle-Zélande. Forcément, je suis né avec un ballon de rugby dans la main et désormais, je joue troisième-ligne dans le club du quartier de Stokes Valley à Wellington.
Quel est l'objectif du Haka des All Blacks ?
Le but du Haka est de provoquer un défi et de préparer l'équipe au combat. Il ne s'agit pas de faire peur ou d'essayer de prendre l'ascendant psychologique sur l'adversaire, c'est seulement de dire, "nous sommes-là, debout tous ensemble, et nous sommes prêts pour la bataille". Traditionnellement en Nouvelle-Zélande, les deux équipes font le Haka en même temps ainsi elle se défient mutuellement. En tant que Maoris, je suis très fier quand je regarde les All Blacks faire le Haka.
Comment la France peut déstabiliser les Néo-Zélandais ?
La Nouvelle-Zélande n'est pas une grande force défensive. Je suis sûr que la France possède une grande armée capable de nous envahir. Même si les Français sont au plus bas en terme de jeu, s'ils se jettent corps et âme dans la bataille et donnent tout ce qu'ils ont face aux Blacks, alors, ils ont une chance de développer leur jeu et de gagner. Tous ces acteurs tant Néo-Zélandais que Français sont des professionnels, ils ont une foule de gens autour d'eux qui les aident à préparer leur match. Donc je suis sûr que mentalement les deux équipes peuvent s'imposer. Cependant, si la France s'interroge et hésite sur le terrain, nous leur causerons de très gros ennuis. Nous le saurons très bientôt...
En Nouvelle-Zélande, comment sont perçues les ripostes des Bleus au Haka ?
Pour moi, c'est une bonne chose car le Haka est un défi et cela montre au moins que les Français sont prêts et qu'ils ne vont pas s'échapper au combat. Le Haka permet de gonfler à bloc les deux collectifs.
Depuis le quart de finale perdu en 2007 à Cardiff, les Néo-Zélandais ont-ils peur du XV de France ?
Avons-nous peur des Français ? Bien sur que non ! Face à l'Irlande la semaine dernière, les Bleus ont vraiment été mauvais. Si les Français font la même chose dans ce quart de finale, ils perdront. Mais nous ne sommes pas idiots non plus, la France est une très bonne équipe et quand les Tricolores jouent la Nouvelle-Zélande, ils font toujours leur meilleur match. Nous n'avons pas peur des Français mais nous sommes prudents avant de les rencontrer et nous ne sous-estimons surtout pas Thierry Dusautoir et ses puissants coéquipiers.
Quelle est l'ambiance en Nouvelle-Zélande avant ce choc ?
En ce moment, c'est l'excitation qui domine en Nouvelle-Zélande. C'est aussi un business chez nous et il y a beaucoup de pression sur les épaules des All Blacks. Ils doivent gagner et à mon avis, ils vont battre la France mais je ne parierai tout de même pas sur ce match (rires). Bonne chance à la France mais surtout allez les All Blacks !