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Gonzalo Quesada : "il n'y a aucune excuse pour avoir fini si bas"

Par Mathilde Régis

Jamais un champion de France n'aura été autant secoué l'année suivant son titre. Il aura fallu attendre la 23e journée pour que le stade français assure son maintien en Top 14, à la douzième place du classement. Pour en parler, le manager de l'équipe Gonzalo Quesada, était l'invité de Sud Radio Sports.

Judith Soula : J'imagine que tu es soulagé que ce maintien soit enfin validé ? Gonzalo Quesada : Il y a beaucoup de sensations mélangées. C'est vrai qu'on n'était pas très sûr de nous ces dernières semaines. Finalement, on s'est mis une pression supplémentaire qui n'était pas prévue, même si on imaginait une saison un peu "transition".Mais oui, je suis soulagée, même si je croyais qu'on avait plus que les moyens d'assurer notre maintien, je suis soulagé qu'on puisse préparer ces derniers mois de saison avec des objectifs plus sympas que juste rester en Top 14. Vous étiez champion de France l'an dernier et vous êtes 12e cette saison. Tu t'attendais à vivre une saison aussi compliquée, cauchemardesque même ? On voyait déjà que le fait de jouer la finale et de donner pas mal de récup' logique aux joueurs, aller nous faire reprendre assez tard l'année dernière. On a aussi vu tous les joueurs qu'on risquait de nous prendre, plus le peu de joueurs de vrais niveau de Top 14 disponibles, plus certaines autres mauvaises surprises. Bref, on imaginait une saison une peu compliquée, mais ce qu'on n'avait pas calculé c'est qu'il allait se passer la deuxième moitié de saison. Une fois qu'on l'a mal démarré, je pense qu'on s'est dit qu'on pourrait rattraper. Mais ce phénomène de jouer sous pression, de perdre un peu confiance, cela on ne l'a pas trop mesuré. Je pense que c'est un bon apprentissage. On a vu comme toutes les difficultés se sont rajoutées. Évidemment on s'attendait à une saison difficile, mais pas autant.

"Je me suis plus senti en danger par rapport à mes capacités à sortir de cette situation"

Que vas-tu retenir de cette saison, on dit souvent qu'on apprend aussi des échecs ? Oui forcément. J'ai eu la chance de démarrer ma carrière d'entraîneur avec l'équipe de France et quatre saisons où il y a eu un peu de tout : un grand Chelem, une Coupe du Monde qui a démarré très mal et qui a très bien finie et des tournois un peu compliqués. Au Racing aussi j'ai eu des moments compliqués, où l'on a perdu cinq matchs d'affilés pour ensuite en gagner 10 d'affilés. Dans toutes ces situations-là, on apprend. Et c'est certain que la saison où l'on a été champion, on a aussi validé pas mal de convictions sur la façon de travailler, etc. Tu te dis que l'équilibre est très fragile ? L'équilibre est fragile oui, il faut aussi voir le niveau de tous les clubs de Top 14. À l'époque à laquelle je jouais, on démarrait la saison et on savait déjà les quatre équipes qui allaient jouer les quatre premières places. Puis on se battait pour les autres. Maintenant, il n'y a plus de petites équipes, il y a de grosses écuries qui ont de gros effectifs et des équipes sont quasiment impossibles à battre chez elle et qui peuvent faire des résultats à l'extérieur. Donc aujourd'hui, on apprend aussi quand il y a des saisons compliquées, parce que ça pousse à aller encore plus dans les détails. Mais encore une fois, je pense qu'il n'y a aucune excuse pour avoir fini si bas parce qu'on a les moyens, les infrastructures, les staffs et les joueurs pour faire beaucoup mieux. Mais bon, être dans les six cette année, c'est un objectif extrêmement ambitieux pour nous. À titre personnel, tu t'en sentis en danger à un moment donné ? En tout cas, tu as toujours eu le soutien du président, Thomas Savare. Très sincèrement, je ne me suis jamais senti en danger par rapport aux comportements et aux réactions des joueurs et des dirigeants. On sait qu'on se battait entre guillemets tous ensemble toute la saison. Mais personnellement, je l'ai vécu extrêmement mal. Quand on a de la chance dans le passé d'avoir eu des situations favorables, des petits succès, on pense qu'on est capable de tout gérer. Personnellement, c'était moi-même qui m'étais mis une pression supplémentaire pour dire que même s'il y avait tout contre, il fallait réussir à s'en sortir quand même. Je dirai plus que je me suis senti en danger personnellement par rapport à mes capacités à sortir de cette situation plutôt que d'être en danger extérieur. Les dirigeants et les joueurs, j'ai toujours senti leur soutien.

"Le budget n'a pas suffi à convaincre plusieurs candidats à un poste d'entraîneur des trois-quarts"

L'absence de Jeff Dubois a été préjudiciable, il n'avait pas été remplacé quand il est parti rejoindre l'équipe de France. Vous allez renforcer le staff pour la saison prochaine ? Est-ce qu'un entraîneur des trois quarts va venir vous rejoindre ? Oui, même si les deux saisons que j'ai faites au Racing, j'avais commencé comme entraîneur des trois quarts en passant ensuite coach tout en gardant ces prérogatives. Quand j'ai signé au stade français, je sentais que vis-à-vis du travail qu'il y avait, il valait mieux avoir quelqu'un qui s'occupe spécifiquement des trois quarts. C'est pour ça qu'on a constitué un staff avec un entraîneur d'avant et un autre trois quarts. L'année dernière on s'est rajouté aussi Adrien Buononato pour travailler avec nous et les jeunes. C'est comme ça qu'on avait retrouvé un peu l'équilibre. Forcément, je pense que c'est l'équilibre à trouver. Surtout parce que là on vient de finir la troisième saison, je suis quelqu'un de très présent,ça s'est bien passé pendant deux ans, cette année est plus compliquée donc...Il ne faudrait pas qu'ils en aient marre, les joueurs ? C'est moi qui commence à en avoir marre de moi même, je n'en peux plus de m'écouter donc j'imagine pour les autres. Mais c'est logique. C'est pour ça que je veux rester garant du système de jeu, du fonctionnement, mais forcément il faut alterner les messages, il faut renouveler, mettre de la fraîcheur. C'est le projet qui évolue comme ça et qui était prévu depuis le départ. Ce qui n'était pas prévu c'est que Patricio Noriega parte au bout d'un an donc on l'a remplacé par Simon Raiwalui et ça s'est bien passé. Après, on a rajouté aussi Adrien qui a fait du boulot et qui part à Oyonnax, et Jeff qui a été pris par l'équipe de France. C'est des aléas du métier, on remplace et on voit qu'on peut toujours retrouver des solutions. Mais là évidemment on va remplacer. Il y a des pistes ? On avait très vite trouvé des candidats qui, à mes yeux, étaient ceux qui pouvaient être les bons pour nous. Après, il y a des budgets pour le poste et malheureusement, ce budget n'a pas suffi pour convaincre un ou deux candidats. Maintenant, on travaille pour finaliser les dossiers parce qu'on aura cette année un nouveau coordinateur sportif. Ça devrait nous permettre de bosser un petit peu plus dans le niveau de professionnalisme qu'on aime bien, je sens que c'est indispensable. On ne pourra avoir un gros recrutement, on aura un nouveau joueur. Les investissements seront plus en terme de compétences dans le staff et des infrastructures de certaines machines d'entraînement et de préparation en muscu qu'on va rajouter. On va plutôt optimiser nos joueurs qu'aller chercher des nouveaux. Pour ça, il faut rajouter des compétences et du matériel.

"On va jouer à fond notre carte à la saison prochaine"

Quelles seront les ambitions du stade français pour la saison prochaine ? C'est de retrouver ce fameux Top 6 ?Aujourd'hui, quand on voit les six qui vont se profiler pour se qualifier cette année, plus les uns ou deux qui vont finir devant la porte, on se demande quelle équipe sera moins forte, quelle équipe on pourra aller sortir pour rentrer à leur place, ça paraît très compliqué. Je pense aussi qu'on a les moyens de le faire donc évidemment, on va jouer à fond notre carte. Cette saison-là, j'espère qu'elle nous donnera encore plus d'envie d'aller chercher ces six premières places. En sachant que le plaisir de jouer la grosse coupe d'Europe n'a duré qu'un an. Là, on reviendra se promener dans des pays un peu moins traditionnel du rugby, ça fera de belles découvertes, mais ça nous permettra aussi de nous focaliser autant sur le Top 14 que sur le Challenge. En sachant que le Challenge peut être que c'est bien moins excitant que la Champions Cup, donc ça permet d'avoir l'effectif à disposition toute l'année.En tout cas, on peut dire que tu as le cœur bien accroché parce qu'un titre de champion et douzième la saison d'après, il fallait le vivre quand même.On va commencer la pré saison très tôt sauf qu'on aura un paquet de joueurs qui vont partir en sélection quand même par rapport à toutes ces grosses équipes qui n'auront pas de joueurs à disposition. On aura cette petite galère, donc je vais regarder mon cœur battre très doucement, sinon je ne vais tenir à ce rôle très longtemps.

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