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Verdier-Molinié : "Il faut augmenter le temps d’enseignement au collège et au lycée"

Par Benjamin Jeanjean

Alors qu’un rapport de la Cour des comptes pointe l’immobilisme et la rigidité du corps enseignant dans l’Éducation nationale, Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’Ifrap (Fondation pour la Recherche sur les Administrations et les Politiques publiques) était l’invitée du journal de 18h sur Sud Radio pour évoquer la gestion de l’argent public dans les établissements scolaires.

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54 000 postes créés, des carrières et des rémunérations revalorisées, et le tout sans aucune contre-partie. Tel est le bilan que la Cour des comptes dresse du dernier quinquennat pour ce qui est de l’Éducation nationale. Alors que ce rapport devrait faire parler dans le monde enseignant, Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’Ifrap, était l’invitée du journal de 18h sur Sud Radio pour en parler.

"On est très en-dessous des autres pays de l’OCDE"

"Ce qui aurait dû être fait, et on l’a dit à l’époque de ces revalorisations, c’est d’augmenter le temps d’enseignement, notamment dans le second degré (collège et lycée). On a aujourd’hui des certifiés qui donnent 18 heures de cours par semaine, des agrégés qui en donnent 15, et quand vous regardez les chiffres des autres pays de l’OCDE, on est très en-dessous. À l’année, on est à 639 heures d’enseignement par an dans le second degré, contre 707 pour l’OCDE et 758 en Allemagne par exemple. On peut donc très largement augmenter le temps d’enseignement de nos professeurs. Même si on n’augmentait que de deux heures le temps d’enseignement des agrégés et des certifiés, cela équivaudrait à 47 000 postes à temps plein, selon un calcul de l’Ifrap. C’est considérable, et c’est ce que souligne la Cour des comptes quand elle parle d’annualisation du temps de travail", explique-t-elle d’emblée.

Agnès Verdier-Molinié appelle par ailleurs l’État à s’inspirer davantage du modèle privé. "Je pense que Jean-Michel Blanquer est tout à fait capable d’y arriver. On voit dans sa réponse à la Cour qu’il est très ouvert à tout ce qu’elle dit sur l’annualisation, sur le temps d’enseignement, sur des primes données en fonction de la performance (même si c’est un peu un gros mot dans l’Éducation nationale), avec aussi l’idée de noter les enseignants eux-mêmes, ce qui est difficile à accepter pour les syndicats. En 2013, La Cour des comptes comparait déjà la gestion des ressources humaines entre l’enseignement public et privé, et elle soulignait qu’il fallait s’inspirer des méthodes du privé et des méthodes étrangères. Proposer par exemple que le chef d’établissement puisse être beaucoup plus un évaluateur de sa propre équipe pédagogique", avance-t-elle.

"Changer la répartition des moyens entre public et privé"

Pour la directrice de l’Ifrap, il faudrait même aller plus loin que ce que préconise la Cour des comptes. "L’idée, c’est évidemment une plus grande autonomie des établissements et une meilleure évaluation des enseignants pour les payer mieux quand ils sont dans une logique d’enseigner mieux et de faire mieux progresser leurs élèves. Il faut savoir qu’on a plus d’élèves en difficulté en 2015 qu’en 2006 alors que la dépense d’éducation est dans la moyenne des pays comparables à la France. On dépense beaucoup, mais sans évaluer. C’est l’éternel problème français, mais ça se voit encore plus dans les questions d’éducation. (…) On souhaite aller plus loin puisqu’on a dit qu’il fallait aussi changer la répartition des moyens entre l’enseignement privé sous contrat et l’enseignement public. Aujourd’hui, on a une règle tacite qui dit de ne pas avoir plus de 20% d’élèves d’une tranche d’âge dans l’enseignement privé sous contrat. Pourquoi avoir cette règle, alors qu’en augmentant le nombre d’écoles, collèges et lycées privés, on pourrait très bien faire des économies ?", déclare-t-elle.

Réécoutez en podcast l’interview d’Agnès Verdier-Molinié dans le Grand Soir Sud Radio 

 

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