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Sur l'île d’Oléron, l’installation de McDonald’s divise politiques et habitants

Par Benjamin Jeanjean

Reportage Sud Radio. Sur l’île d’Oléron (Charente-Maritime), le débat fait rage autour de l’installation d’un premier restaurant McDonald’s. Témoignages.

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Entre McDonald’s et l’île d’Oléron, c’est un peu l’histoire du petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Depuis plus de trois ans, la multinationale tente de s’implanter sur place, contre la volonté du maire de la commune de Dolus-d’Oléron, Grégory Gendre, qui a refusé pour la troisième fois de signer le permis de construire, malgré l’injonction du tribunal administratif de Poitiers.

"Je n’ai pas été élu pour cautionner les modèles économiques, sociaux, culturels et financiers développés par ce type d’enseignes. On ne veut pas baisser les bras en se disant que c’est fini. Ce n’est pas juste le petit maire contre la multinationale. Le vrai sujet de fond, c’est de savoir ce qu’on a dans l’assiette", déclare Grégory Gendre au micro de Sud Radio, avant de dénoncer la philosophie de McDonald’s. "On est sur deux planètes différentes. Depuis qu’on est là, le bio est passé de 18 à 40% à la cantine. Et aujourd’hui, on me dit «Moi je m’en fous, je veux manger des hamburgers pas chers» ?! Pas de problème ! Mais le business de toutes ces boîtes, c’est de faire de l’argent, point barre ! Quand on regarde les fournisseurs de McDo, le premier c’est Cargill. Qu’est-ce que c’est, Cargill ? Déforestation en Amazonie et soja OGM. Boum. C’est ça, leur business ! Nous, on est contre", martèle-t-il.

"Leur hamburger avec leur éponge et le steak au milieu, ce n’est pas mon truc !"

Un avis que ne partage pas du tout Philippe Villa, commerçant, propriétaire du terrain que veut louer McDonald’s et élu d’opposition à Dolus. "McDonald’s c’est les meilleurs, les champions du monde, ceux qui amènent le plus de flux. On ne peut passer à côté de ça ! Sur une commune de moins de 3000 habitants, 40 emplois en CDI et 30 emplois en CDD saisonniers l’été… Il faut qu’ils signent ce permis, qu’on n’en parle plus et qu’on fasse à autre chose ! On n’est pas dans une république bananière où le petit maire, dans sa position altermondialiste, s’évertue à vouloir interdire les choses...", déclare-t-il.

Chez les résidents aussi, le débat fait rage. "Je suis méchant, mais leur hamburger, avec leur éponge et le steak au milieu, ce n’est pas mon truc !», déplore Claude, habitant de Dolus-d’Oléron. François, vacancier régulier sur l’île, n’est pas franchement favorable au projet lui non plus. «Pour un vacancier, venir sur l’île d’Oléron c’est chercher ce surplus de nature qu’il n’a pas en ville et découvrir des restaurants locaux", assure-t-il.

"S’il y en a un ici, on ira, c’est sûr ! Il y a plein de jeunes sur l’île"

Mais McDonald’s a aussi des défenseurs sur place, notamment chez les jeunes. "De la malbouffe ? Ce qu’ils font ici n’est pas forcément mieux, avec tous leurs additifs… Le McDo, je suis pour !", clame Antoine (18 ans). Dylan admet de son côté manger chez McDonald’s "une à deux fois par semaine", mais le plus proche est à 15km. "S’il y en a un ici, on ira, c’est sûr ! Ça ramène du monde, il y a plein de jeunes sur l’île, ce sera rentable", dit-il.

De son côté, la commune de Dolus a saisi en fin de semaine dernière la Cour d’appel de Bordeaux, qui a un an pour statuer. La ville doit cependant verser 300 euros par jour de retard de signature du permis, soit 9 000 euros par moi. Pour ce premier mois, les élus ont décidé de se passer de leurs indemnités, avant de lancer une cagnotte auprès de la population samedi prochain.

Propos recueillis par Romain Asselin.

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