Le déconfinement se poursuit, mais l’offre de fromages AOP reste toujours supérieure à la demande. Michel Lacoste était déjà intervenu sur l’antenne de Sud Radio il y a trois semaines, pour parler de ces milliers de tonnes de surplus de fromages. Qu’en est-il aujourd’hui ?
"Nous réclamons un plan spécifique pour les fromages AOP"
"Ce qui est particulier dans notre métier, c’est que, pendant deux mois, nous avons perdu en moyenne 40% des ventes. Mais les vaches, il faut continuer de les traire tous les matins, détaille Michel Lacoste, président du Cnaol, Conseil national des appellations d'origine laitières, par ailleurs producteur de lait dans le Cantal. Et les charges n’ont pas baissé, je n’ai pas pu arrêter, mais je n’ai plus de chiffre d’affaires ! Une partie de ce tonnage en surstock a été écoulé, mais on a essentiellement donné 300 tonnes de fromages. Nous avons écoulé l’équivalent de 1.200 tonnes vers des filières reprenant le fromage à 10% du prix normal."
Que réclame-t-il du ministre de l’Agriculture ? "Récemment, des mesures ont été annoncées pour le secteur viticole, extrêmement touché et dont nous sommes solidaires, constate Michel Lacoste. Nous réclamons un plan spécifique pour le secteur AOP, avec des aides pour écouler notre surstock de 5.000 tonnes. Les collectivités pourraient acheter des fromages et les redistribuer aux plus démunis : les jeunes, les personnes en chômage partiel, les saisonniers..."
Une agriculture durable
"Nous nous sommes battus pour ne pas jeter du lait ni du fromage, rappelle le président du Cnaol. Nous avons vendu le lait à un tiers du prix normal, le fromage à 10%. Nous sommes prêts à faire un effort sur le prix et cela nous éviterait de devoir brader les fromages. La richesse de nos appellations, c’est leur diversité. Nos fromages AOP, ce sont 350 fromageries, 2.000 producteurs. Nous avons besoin d’écouler nos stocks et de compensations pour aider nos producteurs, à commencer par les 5% les plus petits."
"Au niveau des producteurs AOP, nous ne représentons que 15% des producteurs laitiers français, reconnaît Michel Lacoste. C’est vrai que ce n’est pas beaucoup. Mais ces 15% sont essentiellement en zone difficile, 90% situés en montagne. Nous faisons des fromages comme nous en avons toujours fait, avec les recettes traditionnelles de nos parents et grands-parents. On pourrait nous dire que l’on est une agriculture du passé parce que nous défendons un patrimoine fromager. Mais ce patrimoine est aussi porteur d’avenir, car il est porteur d’une agriculture durable. Nous sommes dans des pratiques respectueuses de l’environnement."
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