Stéphane Troussel : "Jean-Michel Blanquer avait dit que l’école fournirait les masques aux élèves comme aux enseignants"
La Seine-Saint-Denis est le département "le plus jeune de France", mais également l’un des plus pauvres. En ce mardi 1er septembre 2020, journée de rentrée des classes, Stéphane Troussel a décidé d’aller faire une distribution de masques. "J’ai pris la décision que le Département distribuerait gratuitement 4 masques lavables à tous les collégiens", alors que le gouvernement "n’assure pas cette gratuité [du masque, NDLR] qui me paraît indispensable".
Le secrétaire national du PS estime que les masques devraient être gratuits "a minima pour les élèves" car il est obligatoire pour tous les élèves à partir de 11 ans et que l’école est "gratuite, laïque et obligatoire. La gratuité scolaire, ça devrait avoir du sens quand même." Il rappelle, en outre, que la gratuité des masques était un "engagement du ministre au moment du déconfinement. Il avait dit que l’école fournirait les masques aux élèves comme aux enseignants. Pour ne pas alourdir le coût de la rentrée scolaire avec les masques pour les familles, j'ai décidé que le Département le ferait lui-même".
"Il faut plus de moyens pour prendre en charge les difficultés scolaires"
La Seine-Saint-Denis a également été touchée par de nombreux cas de décrochage scolaire post-confinement. Pour le président du Département, c’est un enjeu majeur : "pour certains élèves, au total, ce sera près de six mois sans école, de mars à septembre". Stéphane Troussel estime que l’Éducation nationale doit mettre en place des dispositifs pour aider les élèves en difficulté. "Je suis surpris que la carte scolaire, les dotations horaires dans les collèges de Seine-Saint-Denis, n’aient pas bougé et que ce soient les mêmes annoncées qu'avant la crise sanitaire. Il demande "des heures supplémentaires", du "travail en petits groupes" ou encore des temps de travail "pendant les vacances. Il faut plus de moyens pour prendre en charge les difficultés scolaires". Le ministre de l’Éducation nationale ne s’est pour l’instant pas prononcé sur le sujet.
Pour l’élu, Jean-Michel Blanquer a parfois des formules pour le moins "maladroites" comme "lorsqu’il a déclaré qu’il n’y avait 'que' 4% à 5% de décrocheurs, chiffre que je n'ai jamais cru, 'que' 500.000 décrocheurs. C’est un chiffre considérable, c’est beaucoup trop et ça demande des réponses extraordinairement importantes pour prendre en charge ces difficultés supplémentaires", souligne Stéphane Troussel.
"Globalement, le confinement a été respecté en Seine-Saint-Denis comme ailleurs"
Le département de Seine-Saint-Denis a été fortement touché par la première vague, et de nombreuses personnes ont accusé les habitants de ne pas avoir respecté le confinement. Stéphane Troussel explique que ce n’est pas le cas : "tout le monde, les observateurs, le préfet, les policiers, tout le monde a dit que globalement, le confinement a été respecté en Seine-Saint-Denis comme ailleurs. Il y a eu plus de cas car quand on est à la fois plus pauvre, plus touché par l'habitat insalubre, quand on exerce les métiers les plus exposés, caissières, livreurs, qu'on habite des appartements plus petits, quand on a parfois des pathologies pré-existantes, ça a eu plus de conséquences sur la mortalité liée au Covid".
"Aujourd’hui, le masque c’est le moyen de se protéger individuellement et collectivement. Il faut faire de la pédagogie, y compris être dans la répression quand le masque n’est pas porté." assure-t-il.
"Il faut élargir le RSA aux moins de 25 ans : c'est indispensable"
La crise économique va faire augmenter le chômage et risque de toucher durement les jeunes. Pour Stéphane Roussel, il faut que le gouvernement réfléchisse à élargir l’accès aux minimas sociaux, "notamment le RSA", aux moins de 25 ans, alors que la France est "un des rares pays en Europe" où ce n’est pas le cas. "C’est indispensable, parce qu’il va y avoir des jeunes qui vont avoir moins de possibilités de CDD et d’Intérim."
Stéphane Roussel redoute-t-il l'explosion des banlieues ? "Je ne suis pas un prévisionniste assure-t-il. Il faut être aux côtés et trouver les moyens de soutenir et accompagner les plus en difficulté, c'est ce qui me préoccupe beaucoup. Face à la baisse d'activité, je crains l'augmentation à la fois du chômage et du nombre d'allocataires du RSA en Seine-Saint-Denis. Selon lui, il faut aussi remettre en place les contrats aidés, pour permettre de passer cette période difficile".
Violence : "on n'a pas besoin que les ministres en rajoutent et jouent les matamores en multipliant les formules"
Sur la montée de la violence, Stéphane Roussel reconnaît "qu'il y a de la violence dans la société, des agents du service public au quotidien qui se font agresser et c'est insupportable. Mais on n'a pas besoin que les ministres en rajoutent et jouent les matamores en multipliant les formules, parce que les formules à l'emporte-pièces sur les sauvageons hier, sur l'ensauvagement aujourd'hui ça fait bien à la radio mais ça ne règle pas le problème sur le terrain !"
"J'attends dans mon département des réponses concrètes au rapport parlementaire qui date de plus d'un an sur les difficultés de la police et de la justice, des effectifs de policiers, de magistrats et de greffiers pour qu'il y ait des suites judiciaires aux interpellations. Un an après le déplacement du Premier ministre Edouard Philippe en Seine-Saint-Denis, j'attends encore les moyens supplémentaires sur le terrain..."
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