Simone Veil, âgée de 89 ans, est décédée vendredi matin à son domicile parisien. "Ma mère est morte ce matin à son domicile. Elle allait avoir 90 ans le 13 juillet", a indiqué son fils Jean Veil. Figure politique française de la Ve République, Simone Veil a fait adopter en 1975 la loi Veil qui dépénalise l’interruption volontaire de grossesse, devenant ainsi une icône féministe.
#Hommage Simone Veil vient de nous quitter.
26 nov. 1974, elle présentait son projet de loi sur l'avortement à l'Assemblée Nationale. pic.twitter.com/QJz69mcVJG— Ina.fr (@Inafr_officiel) June 30, 2017
Ministre de la Santé puis présidente du Parlement européen
Née à Nice au sein d'une famille juive laïque, et fille d'un architecte, Simone Veil avait été déportée en 1944, à l'âge de 16 ans, à Auschwitz-Birkenau avec sa mère et une des ses sœurs. Pour beaucoup de Français, elle incarnait ainsi la mémoire de la Shoah. "Comme tous mes camarades, je considère comme un devoir d'expliquer inlassablement aux jeunes générations, aux opinions publiques et aux responsables politiques, comment sont morts six millions de femmes et d'hommes dont un million et demi d'enfants, simplement parce qu'ils étaient nés juifs", expliquait-elle sobrement devant l'Assemblée générale de l'ONU en 2007. "Soixante ans plus tard, je suis toujours hantée par les images, les odeurs, les cris, l'humiliation, les coups et le ciel plombé par la fumée des crématoires", racontait également Simone Veil dans un entretien télévisé diffusé à l'occasion du 60ème anniversaire de la libération des camps.
Revenue des camps de la mort avec sa sœur mais sans sa mère, décédée du typhus, Simone Veil a ensuite commencé une carrière dans la magistrature en 1956, dix ans après s'être marié avec Antoine Veil, rencontré sur les bancs de Sciences-Po. En 1970, elle devient ainsi la première femme à être nommée secrétaire général du Conseil supérieur de la magistrature. Entrée en politique en 1974, elle est nommée ministre de la Santé sous Valéry Giscard d’Estaing en 1974, elle porta la loi sur l'interruption volontaire de grossesse face à des adversaires déchaînés. "Je n'imaginais pas la haine que j'allais susciter", confiait-elle dans un livre entretien avec la journaliste Annick Cojean.
En 1979, Simone Veil avait quitté son poste de ministre pour devenir la première présidente du Parlement européen de 1979 à 1982. Réélue en 1984 et 1989, elle siégera au Parlement jusqu'en 1993. "J'ai toujours milité pour une Europe avec le plus de pouvoirs possibles car c'est la meilleure façon de vivre ensemble en paix", soulignait-elle. Elle retrouva ensuite le ministère des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement Balladur puis siégea au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007. Finalement élue à l’Académie française en 2008, elle y fut reçue solennellement deux ans plus tard, en 2010, par Jean d’Ormesson. Sur son épée de cérémonie, elle fit alors graver son numéro de déportée qui avait été tatoué sur bras à son arrivée à Auschwitz-Birkenau.