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Reconstruire Notre-Dame en cinq ans: le délai est-il vraiment tenable?

Par Félix Mathieu

Le président Macron s'est voulu volontariste, en affichant son intention de voire la cathédrale réparée d'ici les jeux olympiques de 2024, après l'incendie de lundi. Un délai très court, pour un chantier d'une telle ampleur: l'annonce est accueillie par un certain scepticisme.

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Un quinquennat pour reconstruire Notre-Dame de Paris: Emmanuel Macron a lâché le chiffre, lors de son intervention mardi soir. "Je vous le dis avec force: nous sommes ce peuple de bâtisseurs, nous avons tant à reconstruire. Alors oui: nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame plus belle encore. Je veux que cela soit achevé d'ici cinq années. Nous le pouvons, et là aussi nous mobiliserons". Le ton se veut volontariste, alors que les promesses de dons laissent présager une récolte de plusieurs centaines de millions d'euros.

Effet d'annonce intenable selon des experts

Pourtant beaucoup doutent de la crédibilité d'un tel délai, et soulignent des questions en suspens: va t-on reconstruire à l'identique, ou avec des techniques plus récentes? Faut-il reproduire la flèche de l'architecte Viollet-Leduc du XIXe siècle tombée lundi, alors qu'elle-même était bien différente des différentes clochers qui l'avaient précédée depuis 1250? Autant de questions auxquelles il aurait été plus sage de répondre avant d'avancer un délai intenable, d'après Sylvain Colombero, professeur à Grenoble École de Management. Invité du grand matin Sud Radio, il est expert de la rénovation des monuments historiques et des questions d’authentification:

"Tant qu'on ne sait pas quelle trajectoire on veut donner à Notre-Dame, on ne peut pas savoir. Si le but est de remplacer la charpente en bois par une charpente en béton comme on l'a fait avec Notre-Dame de Reims après la première guerre mondiale, ça peut aller très vite, en sachant que ça a tout de même mis 20 ans à Reims. Aujourd'hui les techniques ont évolué, mais la situation géographique de Notre-Dame va poser des problèmes structurels pour la reconstruction. Je pense que le seul qui est dans le vrai, c'est malheureusement Stéphane Bern, quand il dit qu'il ne verra pas ça de son vivant."

"Pas un record de vitesse"

Une incrédulité partagée par le député LR du Vaucluse, Julien Aubert, dans le petit déjeuner politique:

"Quand [Emmanuel Macron] promet cinq ans, je comprends qu'il a envie d'être là pour l'inauguration. Mais ne confondons pas vitesse et précipitation: on parle d'un édifice qui a plus de 800 ans, qui a brûlé parce qu'on est incapable de le rénover... Donc avant de dire au monde qu'on va le reconstruire en cinq ans, l'important n'est pas de battre un record de vitesse. Le pont du Gard a été construit par les Romains, et il est toujours là, alors que des édifice bâtis très rapidement sont emportés par la première crue. Sans donner des leçons d'architecture, j'espère que la reconstruction qui sera faite de Notre-Dame durera si possible pour 800 ans".

Le secrétaire-général des Républicains en appelle aussi à reconnaître Notre-Dame comme "Trésor national", afin d'accroître l'élan des dons pour la reconstruction au moyen d'abattements fiscaux renforcés pour les donateurs.

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