"Au moment où vous nous quittez, je vous prie, Madame, de recevoir l’immense remerciement du peuple français à l’un de ses enfants tant aimés, dont l’exemple, lui, ne nous quittera jamais. C’est pourquoi j’ai décidé, en accord avec sa famille, que Simone Veil reposerait avec son époux au Panthéon". Ce mercredi, Emmanuel Macron a confirmé l’entrée prochaine de Simone Veil et de son époux Antoine Veil au Panthéon, lors de l’hommage national rendu à cette dernière aux Invalides. Une décision qui fera donc de la rescapée de la Shoah la cinquième femme à reposer avec la reconnaissance de la patrie dans le prestigieux bâtiment. Mais qui sont les quatre premières à avoir fait leur entrée au Panthéon ?
Sophie Berthelot, la pionnière
La première femme à être distinguée au Panthéon est Sophie Berthelot. Épouse du chimiste Marcellin Berthelot, qui a donné son nom à de nombreuses rues en France, Sophie Berthelot meurt en 1907, quelques heures avant son mari. L’État décide alors d’inhumer Marcellin Berthelot au Panthéon, mais également sa femme, "en hommage à sa vertu conjugale". "Mme Berthelot avait toutes les qualités rares qui permettent à une femme belle, gracieuse, douce, aimable et cultivée d'être associée aux préoccupations, aux rêves et aux travaux d'un homme de génie. Elle vécut avec Berthelot dans une communauté de sentiments et de pensées qui les groupa en un couple parfait où n'auraient tressailli qu'un même cœur et brillé qu'un seul esprit", indique Aristide Briand, ministre de l’Instruction publique, lors de son éloge funèbre.
Marie Curie, la plus célèbre
C’est sans doute la plus connue des femmes présentes au Panthéon. Elle aussi mariée à un scientifique de renom, Marie Curie est la première femme à avoir reçu le prix Nobel, et la seule lauréate à être distinguée dans deux domaines scientifiques différents (physique en 1903, chimie en 1911). Décédée en 1934, Marie Curie, de son nom de jeune fille Marie Sklodowska (elle est née en Pologne), est d’abord inhumée à Sceaux dans le caveau familial, avant que ses restes ne soient transférées avec ceux de son mari au Panthéon sur décision de François Mitterrand, et en présence du président polonais de l’époque, Lech Walesa. En raison de sa forte exposition aux éléments radioactifs durant toute sa carrière, son corps est placé dans un cercueil entouré d’une couche de plomb de 2,5mm d’épaisseur.
Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, les résistantes
Femme de lettres et ethnologue française, directrice d’études à l’EHESS, Germaine Tillion doit surtout son entrée au Panthéon en 2015 à son passé de résistante pendant la Seconde Guerre mondiale. Trahie par un agent double du nom de Robert Alesch, elle est arrêtée en 1942 puis déportée le 21 octobre 1943 au camp de Ravensbrück, en Allemagne. Réussissant à survivre pendant plus de deux ans, elle est libérée en avril 1945 suite à la tentative de Heinrich Himmler de négocier son avenir avec les puissances occidentales.
Germaine Tillion est entrée au Panthéon en mai 2015 en compagne de Jean Zay, Pierre Brossolette et Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Cette dernière, nièce de Charles de Gaulle, s’est elle aussi illustrée par son passé de résistante et de survivante du camp de Ravensbrück. Placée en isolement en octobre 1944 sur décision de Heinrich Himmler, qui souhaitait l’utiliser comme monnaie d’échange, Geneviève de Gaulle-Anthonioz n’est sortie du camp qu’à l’arrivée de l’Armée rouge le 25 avril 1945. Elle sera intronisée au Panthéon 13 ans après sa mort en 2015 mais sa dépouille n’y sera jamais déplacée en raison du refus de sa famille, qui ne souhaitait pas qu’elle soit séparée de son mari. Sa sépulture installée au Panthéon ne contient donc que de la terre extraite du cimetière où elle est enterrée.