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Mort du pape François : qui sont les "papabili" pressentis pour lui succéder ?

Par Justine Houllé

Après plusieurs jours de deuil national, le conclave pour élire le successeur du pape François débutera le mercredi 07 mai, a annoncé lundi 28 avril le Vatican. À partir de cette date, 132 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans se réuniront à huis clos dans la chapelle Sixtine pour élire le nouveau chef de l'Église catholique.

uzhursky de Getty Images

Qui sera le prochain pape ? Après la mort du pape François, la question de son successeur est sur les lèvres de plus d'un milliard de catholiques dans le monde entier... et pour cause ! Lors du conclave du 07 mai prochain, plus de la moitié des cardinaux électeurs ne seront pas issus du continent européen. Dans l'histoire de ce processus vieux de plusieurs siècles, c'est une première qui rend son issue plus qu'imprévisible. Mais pour l'heure, plusieurs noms de "papabili" -c'est-à-dire de cardinaux favoris pour succéder à François- circulent parmi les observateurs. En voici quelques-uns.

Pietro Parolin (Italie) : le candidat de la continuité, la diplomatie à l'oeuvre

St Peter's square in the Vatican on April 13, 2025. (Photo by Tiziana FABI / AFP)

Secrétaire d'État du Vatican depuis 2013, soit durant la quasi-totalité du pontificat du pape François, le Cardinal Pietro Parolin est actuellement considéré comme le numéro deux au Saint-Siège. Ordonné prêtre en 1980 -à l'âge de 25 ans-, Pietro Parolin s'est rapidement distingué par son aisance relationnelle et sa capacité à gérer les relations diplomatiques entre le Vatican et d'autres États. Fin connaisseur du Moyen-Orient et des enjeux géopolitiques liés au continent asiatique, Pietro Parolin a progressivement gravi les échelons religieux, tout en s'imposant sur la scène internationale. En 2009, il est ordonné évêque par Benoît XVI et, dans la foulée, nommé agent diplomatique du Saint-Siège au Vénézuela. Autre fait marquant dans sa carrière : en 2018, il a eu un rôle décisif dans la signature d'un accord historique entre le Vatican et la Chine sur les nominations d'évêques.

En 2014, sous l'égide du pape François, il intègre le Conseil des cardinaux, chargé d'accompagner le Saint-Père dans la réforme de l'Église catholique. Cette fonction lui permet de se positionner en véritable expert des rouages de la Curie romaine -l'appareil administratif du Vatican-, une faculté grandement recherchée chez celui qui succèdera dans quelques jours au pape François. Proche des pauvres, engagé sur les problématiques liées au changement climatique, en faveur de la communion pour les divorcés, les remariés et avec une vision ecclésiastique et politique similaire à celle du pape François, le Cardinal Pietro Parolin est considéré comme son successeur naturel à la tête de l'Église catholique. Pour les cardinaux électeurs au prochain conclave, Pietro Parolin -âgé de 70 ans- peut être le candidat de la continuité, capable de poursuivre les réformes du pape François mais de manière plus subtile et plus diplomatique.

Luis Antonio Gokim Tagle (Philippines) : le "François asiatique"

St Peter's basilica in The Vatican, on April 30, 2025. (Photo by Tiziana FABI / AFP)

Surnommé "Chito", Luis Antonio Tagle a d'abord été jésuite, avant de devenir prêtre en 1982. Âgé de 67 ans, l'ancien archevêque de Manille a été fait Cardinal en 2012 par le pape Benoît XVI, après avoir servi auprès de plusieurs Conseils et Congrégations. En 2013, lors du conclave qui a vu Jorge Mario Bergoglio -François- devenir pape, Luis Antonio Tagle faisait déjà partie des favoris pour prendre les rênes de l'Église catholique.

Actuellement préfet du Dicastère pour l'Évangélisation, Luis Antonio Tagle a été élevé au rang de Cardinal-évêque par le pape François en 2020. Lors du conclave du 07 mai prochain, ce statut dans la hiérarchie ecclésiastique peut rendre le religieux philippin davantage favori pour accéder à la tête du Saint-Siège. Engagé pour la défense des pauvres, des migrants et des personnes marginalisées, Antonio Tagle est très apprécié en Asie et partage avec le pape François de nombreuses similarités, ce qui lui a notamment valu le surnom de "François asiatique". Toutefois, sur des thèmes comme l'euthanasie ou l'avortement, il a tenu des positions parfois ambiguës. Si les cardinaux électeurs souhaitent à la fois de la continuité pour le nouveau pontificat, mais aussi un nouveau pape issu du Sud global, le Cardinal Luis Antonio Tagle semble être le candidat parfait.

Jean-Marc Aveline (France) : le candidat de la "nouvelle ère" voulue par le pape François

Lourdes, southwestern France, on April 3, 2025. (Photo by Lionel BONAVENTURE / AFP)

Âgé de 66 ans, le Cardinal Jean-Marc Aveline vient d'une famille de pieds-noirs. Naissance à Sidi bel Abbès, déménagement après l'indépendance de l'Algérie à Villejuif, installation dans les quartiers nord de Marseille : c'est cette enfance quelque peu chahutée qui explique aujourd'hui la sensibilité de l'Archevêque de Marseille pour le thème de l'exil. Ordonné prêtre en 1984, Jean-Marc Aveline n'a jamais cessé d'accorder une importance toute particulière aux conditions de vie des migrants. C'est en partie ce qui fait de lui une figure emblématique de la cité phocéenne, funestement touchée par les morts en mer de migrants. Par ailleurs, Jean-Marc Aveline est également favorable au dialogue interreligieux. Repéré par le pape Benoît XVI pour cette position, il devient membre du Dicastère pour le dialogue interreligieux en 2008.

En août 2022, Jean-Marc Aveline est fait Cardinal par le pape François, une nomination qui permet à la France d'avoir cinq cardinaux électeurs dans le conclave qui se tiendra le 07 mai prochain. Dès lors, celui qui a été récompensé de la Légion d'honneur par Emmanuel Macron en 2022 est aujourd'hui perçu par certains observateurs comme le Cardinal portant la "nouvelle ère" dont le pape François parlait souvent lors de son pontificat. En raison de ses origines modestes et de son intérêt constant pour les plus défavorisés, le Cardinal Jean-Marc Aveline apparaissait comme un successeur idéal aux yeux du défunt pape. Élu à la tête du Vatican, Jean-Marc Aveline pourrait conduire l'Église sur un chemin plus léger, avec une touche plus savante mais moins idéologique.

Fridolin Ambongo Besungu (République Démocratique du Congo/RDC) : la voix de l'Église catholique en Afrique

October 5, 2019 in the Vatican. (Photo by Tiziana FABI / AFP)

Ordonné prêtre en 1988, Fridolin Ambongo Besungu est un ardent promoteur de justice sociale, qui n'hésite par à s'engager politiquement pour défendre les pauvres et les sans-voix. Archevêque de Mbandaka-Bikoro en 2016, Archevêque coadjuteur de Kinshasa en 2018, Archevêque de Kinshasa en d'année 2018 : après avoir gravi les échelons, il est fait Cardinal par le pape François en 2019 et est aujourd'hui considéré comme le leader de l'Église catholique en Afrique. Néocolonialisme, exploitation des ressources naturelles du Congo, inégalités de santé, corruption, protection de l'environnement : ses critiques à l'égard du gouvernement au pouvoir en RDC lui valent également d'être perçu comme le leader de l'opposition politique au président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Ce leadership en République Démocratique du Congo mais aussi au sein de l'Église catholique d'Afrique lui permet, depuis plusieurs années, de prétendre à la tête du Saint-Siège, autrement dit d'être une figure papabile. Très respecté à Rome, son élection comme nouveau pape serait historique. Soutenu par de nombreux cardinaux du Sud global, le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu pourrait devenir, à l'issue du conclave, le premier pape noir de l'histoire de l'Église.

Matteo Maria Zuppi (Italie) : le "prêtre des rues"

St Peter's basilica, in The Vatican, on May 2, 2025. (Photo by Tiziana FABI / AFP)

Ordonné prêtre en 1981, Matteo Zuppi a rapidement été perçu comme l’étoile montante de l’épiscopat italien. Nommé Curé de la paroisse de Santa Maria (Trastevere) et assistant ecclésiastique de la Communauté de Sant’Egidio en 2000, puis Évêque auxiliaire de Rome en 2012 et Archevêque de Bologne en 2015, il est fait Cardinal par le pape François en 2019. Décrit par ses adversaires comme l’archétype du moderniste, Matteo Zuppi s’est, au fil des années, distingué par son engagement inflexible en faveur des pauvres et des marginalisés et ce, qu’ils soient toxicomanes, sans famille ou sans habitat fixe. Son mantra ? Rejeter toute forme de haine pour, au contraire, promouvoir une solidarité authentique qui allie fraternité et pluralisme religieux.

Aujourd’hui âgé de 69 ans, celui que l’on surnomme le « prêtre des rues » croit fermement au « changement profond » de l’Église. Pour lui, ses principes doivent être en accord avec le monde moderne. Cette position, basée sur l’activisme, l’a notamment amené à se rapprocher des politiques de gauche en Italie. Fervent défenseur de justice sociale et d’égalité -il défend par exemple le droit des homosexuels à être pleinement accueillis au sein de l’Église catholique-, l’Archevêque de Bologne tient malgré tout à entretenir le dialogue avec la droite et tous ceux qui prônent une vision plus traditionnelle de l’Église. À l’heure actuelle, il est un bon candidat pour perpétrer l’héritage de François à la tête du Vatican.

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