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Généreux, pourquoi notre sytème de protection sociale montre aujourd'hui toutes ses limites ?

Par Maxime Trouleau

La France a-telle le meilleur sytème de protection sociale au monde ? Éléments de réponses avec Bruno Chrétien, président de l’IPS.

fraude Assurance maladie
Deux centres de santé sont soupçonnés de fraude à l'assurance maladie. © AFP

Est-ce qu'on a le meilleur sytème de protection sociale au monde ? Bruno Chrétien, président de l’IPS, (Institut de la Protection Sociale) se veut nuancer. "Il faut savoir de quoi en parle, explique-t-il. La dépense sociale en France, c'est 24 milliards d'euros. La retraite, c'est 13,5% du PIB, la Santé c'est 10% puis il y a le logement et le chômage".

"Notre protection sociale ? On est très généreux mais en contrepartie l'hôpital est en grande difficulté"

"La protection sociale, les Français renvoient souvent ça à notre système de santé. Aujourd'hui, en France, on a un accès au soin extrêmement aisé et on part à la retraite extrêmement tôt par rapport à nos voisins. Mais la dette se creuse. On a surtout un pays où il y a un décrochage progressif entre l'effort contributif et les prestations obtenues. En clair, les Français se demande : est-ce qu'en payant plus, je vais obtenir plus ? Est-ce qu'en cotisant plus, j'aurai un retour sur investissement ?"

"Pour un salaire annuel jusqu'à 40.000 euros, il y a 28% des charges que vous payez qui ne vous ramènent rien en plus. Tout cet argent permet à équilibrer le sytème. Mais dès que je paye plus, au delà de ce salaire, je n'obtiens pas plus", explique Bruno Chrétien sur Sud Radio.

On a un système généreux mais qui, aujourd'hui, montre toutes ses limites et ses défaillances. Sur l'accès au soin, on est très généreux, on va vite, tout le monde y accède mais en contre parti, l'hôpital est en grande difficulté. La conséquence de cette générosité, c'est le fait que le pouvoir d'achat ne suit pas. Et c'est en grande partie à cause de ces charges sociales".

Faut-il, par conséquent, décaler l'âge de départ à la retraite ?

"L'âge de départ est un sujet sur-valorisé, avance Bruno Chrétien. En 1982, on est passé de 65 à 60 ans. On partait même à 56 ans avec 90% de sa retraite ! Il ne fallait que 37,5 années de carrière pour partir à la retraite. À l'époque, on pensait qu'il fallait partir tôt pour laisser la place aux jeunes, mais ça n'a pas marché. Aujourd'hui on est proche de 63 ans. Certains candidats veulent revenir à 60 ans, d'autres veulent aller à 65 ans. C'est un sujet clivant. Mais on voit bien que c'est un point qui n'est pas passé auprès des Français, rappelle notre invité. Tous nos voisins sont passés à 65 ans voire 67 ans".

"Les Français n'ont pas fait leur deuil en se disant "je pars plus tard et j'ai une retraite plus haute soit je pars plus tôt mais j'ai une retraite plus basse". Mais il n'y a pas de secret, si on fait collectivement le choix de partir plus tôt, il faut prendre l'argent quelque part"

"La retraite reste un sujet simple. Soit un baisse les pensions, soit on reporte l'âge à la retraite, soit on augmente les cotisations. Objectivement, si on continue les cotisation sur les salaires, on prend des prélèvements supplémentaires et ça coute extrêmement cher pour l'employeur. Soit on baisse les pensions mais c'est quasiment impossible. La poussée de l'inflation va aider cela mais si on augmente les retraites de 3% et que l'inflation augmente de 5%, vous avez une baisse du pouvoir d'achat de 2%. Il reste donc cette solution de reculer l'âge de départ à la retraite dans des pays comme le nôtre qui vieillissent. Et 1 an de recule c'est 10 milliards euros d'économies".

 

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