Afin de lutter contre un retour de l’épidémie de Covid-19, le port du masque devient obligatoire dans les lieux publics clos à compter du 20 juillet.
Plus de pédagogie que de sanctions
Le professeur Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation médicale de l'hôpital Lariboisière à Paris, fait partie de signataires de la tribune « masqué mais en liberté », parue le 11 juillet dernier. Parlait-elle de verbalisation ? "Non, nous demandions de rendre obligatoire le port du masque dans les lieux clos publics, avec une approche pédagogique. C’est une nécessité de se protéger et de protéger les autres. Il faut s’assurer qu’il n’y ait pas de transmission épidémique, mais aussi apprendre à bien mettre le masque. Cette mesure doit quand même s’accompagner d’une certaine sanction en cas de réticence."
Quelles sont les consignes reçues par les forces de police pour ce premier jour ? "Nous espérons surtout qu’une prise de conscience va se mettre en place en France parmi les citoyens, estime Bruno Bartocetti, secrétaire régional d’Unité SGP Police-FO Occitanie. Je ne pense pas que verbaliser systématiquement soit requis, sauf si certaines personnes ne jouent pas le jeu. Sans comparaison, nous aurions pu verbaliser quand le tabac a été interdit dans les lieux publics. J’aime à croire que pour le masque, ce sera pareil. Depuis le confinement, les choses ont quand même évolué. Au départ, il y avait pas mal de réticence et d’incompréhension. Aujourd’hui, celui ou celle qui ne comprendra pas qu’il faut se préserver et préserver son entourage méritera d’être sanctionné. Mais je pense que ce sera à la marge, et que nous serons plus dans la pédagogie que dans la répression."
Rembourser les masques plutôt que les tests sérologiques
Que dire à ceux qui pensent encore que les masques ne servent à rien ? "Il y a eu des messages contradictoires, reconnaît le Pr. Bruno Mégarbane. Mais nous avons des certitudes scientifiques plus formelles, on sait qu’une personne peut contaminer trois personnes ; il y a même des supercontaminateurs qui peuvent contaminer plus de 50 personnes. Le masque réduit la transmission inter humaine, et est recommandé. Il joue un rôle premier de barrière, en empêchant les gouttelettes d’atteindre ces personnes en face. Cela protège les autres, c’est le premier principe. Le deuxième est que c’est un filtre qui protège l’individu portant le masque. Le virus circule à un niveau bas. Si on ne fait rien, on risquerait d’en arriver à une situation très alarmante qui rendrait le reconfinement nécessaire."
Pour autant, acheter des masques peut représenter un vrai budget sur un mois : on l’estime à 96 euros pour des masques en tissu pour un couple et de enfants, à 229 euros pour des masques chirurgicaux. Ne faudrait-il pas les rembourser ? "Ces chiffres correspondent probablement à la fourchette haute, si l’on change de masque toutes les 8 heures dans un lieu fortement contaminé. S’il est possible de mettre à disposition des masques pour les personnes les plus démunies, voire de faire rembourser ces masques par la Sécurité Sociale, ce serait plus intéressant. Il est plus utile de rembourser les masques que les tests sérologiques, qui ont un intérêt à l’échelle individuelle, mais peu à l’échelle collective."
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