Michel Maffesoli relève qu'une nouvelle époque est en train d'en remplacer une autre. Une époque où le rationalisme évoluerait en prenant en compte d'avantage les sens et où le matérialisme ne prévaut plus totalement.
"Pour le meilleur et pour le pire"
Selon le philosophe, "une époque est en train de s'achever où dominait une conception rationaliste du monde". Michel Maffesoli voit apparaître "un retour de l'émotionnel" qui selon lui sera "pour le meilleur et pour le pire". "Il y a des manifestations qui sont le pire de l'émotionnel", note-t-il pointant notamment ces marches contre les supposées violences policières. "C'est de la religiosité, c'est-à-dire quelque chose qui fait qu'il y a des émotions partagées", note l'auteur qui voit dans ces manifestations "un indice intéressant et parlant de la fin du grand rationalisme moderne".
Pour autant, le philosophe ne se considère pas de ceux qui font l'apologie de l'irrationalisme. "La raison est une de nos capacités de notre espèce animale", décrit-il. Mais l'expérience à venir, selon lui, est "quand cette raison qui est un paramètre de l'espèce humaine va devenir la totalité". Pour l'auteur, la conception "d'un rationalisme morbide" laisse progressivement sa place à "une autre conception beaucoup plus entière de la raison et des sens".
Une raison déterminée par nos sens
L'auteur cite saint Thomas d'Aquin qui rappelait "qu'il n'y a rien dans l'intellect qui n'ait d'abord été par les sens". Pour Michel Maffesoli, cette nouvelle époque sera marquée par "ce rapport entre l'intellect et les sens qui me paraît renaître en ce moment". Un retour de la religiosité pourtant écrasée "par le rouleau compresseur du rationalisme, qui avait évacué l'importance du mystère, de l'invisible...". De nouvelles réflexions qui s'imposent notamment dans les jeunes générations qui "ne se reconnaissent plus dans ce rationalisme monopolisant et montre qu'il y a des sens, le corps et l'esprit".
Mais l'un ne remplacera pas l'autre. "La grande tendance est un équilibre", indique le philosophe qui souligne que la jeune génération "ne rejette pas la raison mais la complète avec nos sens, le plaisir d'être". "On voit comment reviennent de plus en plus des actes de solidarité, de générosité, c'est quelque chose qui complète la raison sans la nier", note Michel Maffesoli. "Ce n'est plus simplement le matérialisme qui va prévaloir, c'est intéressant de voir comment ce spirituel va se manifester", admet l'auteur qui rapporte que dans les écoles de commerce, "les étudiants pourraient perdre un an à faire du bénévolat".
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