Ce n’est pas le plus médiatique des ministres nommés par Édouard Philippe et Emmanuel Macron, mais Jean-Michel Blanquer est l’un des membres du gouvernement dont l’action sera la plus scrutée dès cet été. Le ministre de l’Éducation nationale a en effet d’ores et déjà prévu d’apporter sa touche sur le système scolaire dès la rentrée prochaine. C’est ainsi qu’il a présenté ce jeudi devant le Conseil supérieur de l’éducation son projet de réforme de l’éducation, avec notamment trois mesures phare : élargissement du redoublement, stages de soutien l’été avant la 6ème et organisation des devoirs à l’école.
Sociologue au CNRS et spécialiste des questions de l'adolescence, de la jeunesse et de la famille, Michel Fize était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce vendredi pour évoquer cette réforme annoncée. "On revient à une philosophie plus conservatrice de l’école. C’est manifestement un retour en arrière. La réforme du collège était une vraie bonne réforme progressiste en rompant un peu avec la logique purement compétitive et élitiste et en introduisant l’interdisciplinarité de certaines matières", annonce-t-il d’emblée.
Oui aux devoirs à l’école, non au redoublement
Selon lui, il y a dans cette réforme "du bon et du moins bon". "C’est à l’image du personnage, qui est aussi séduit par les systèmes scolaires scandinaves", ajoute-t-il. En ce qui concerne les devoirs à l’école, Michel Fize se prononce par exemple en faveur. "Je pense que c’est une mesure intéressante. Les aides aux devoirs, c’est la mission de l’Éducation nationale. Si elle ne permet pas à tous les élèves d’être au même niveau de performance, c’est qu’elle a failli, quelque part", indique-t-il.
En revanche, l’élargissement du redoublement ne va pas dans le bon sens selon lui. "Toutes les études montrent l’inefficacité du redoublement (je préfère d’ailleurs l’expression belge de "doublement"). Il est évident que certains élèves n’acquièrent pas aussi facilement un certain nombre de savoirs. La question, c’est de savoir comment répondre à ce problème. À une vraie question, on apporte une fausse réponse puisqu’à part parfois dans les petites classes, le redoublement ne marche pas. Et on perd en estime de soi, en confiance", déplore-t-il.
Réécoutez ici l’intégralité de l’interview de Michel Fize dans le Grand Matin Sud Radio