Un enseignant dépressif incarcéré à la prison des Baumettes, à Marseille, a mis fin à ses jours le 2 août dernier dans sa cellule. Il était en attente de jugement. Sa famille porte plainte pour homicide involontaire et non assistance à personne en danger.
Un rapport d'expertise manquant
Quelles sont les raisons de cette plainte ? "Elles sont légitimes, détaille Maître Louise Lanata, avocate au barreau de Marseille. La maison d’arrêt ne pouvait ignorer le risque de suicide qui touchait mon client. Je l’avais vu quelques jours avant, il s’était scarifié les avant-bras et la tête avec un morceau de verre. J’ai conseillé de porter plainte contre X afin de comprendre si oui ou non une surveillance particulière avait été mise en place au sein des Baumettes, être mieux éclairé sur les conditions de détention."
L’homme de 52 ans avait été placé en garde à vue notamment pour avoir crevé les pneus à sept reprises de sa kinésithérapeute. La rétention était-elle la pire chose à faire le concernant ? "Ce n’est pas forcément une erreur. Beaucoup de personnes souffrant de troubles psychiatriques sont tout de même placées en détention. Lors de l’audience du 28 juillet, l’audience n’était pas en mesure d’être jugée. On attendait le rapport d’expertise qui aurait dû être réalisé avant. Malheureusement, comme trop souvent, l’affaire a été renvoyée car il n’y avait pas ce rapport."
L'argument du chantage au suicide
Est-ce que cela arrive souvent ? "C’est un problème d’effectifs, estime l’avocate. On est aussi dans une période particulière, celle des vacations judiciaires. Dépassé le 1er juillet, la plupart des audiences sont renvoyées car la plupart des rapports ne sont pas rendus à temps." Avait-elle alerté sur ces risques suicidaires ? "Le tribunal m’a opposé le risque de renouvellement de l’infraction. Le procureur a sollicité le maintien en détention provisoire. Le tribunal a quand même pris la précaution de désigner un autre médecin psychiatre et ordonné que le rapport d’expertise soit rendu avant le 26 août." A-t-on parlé de chantage au suicide ? "Cela faisait partie du débat, la fragilité psychologique d’un prévenu, c’est un argument qui rentre dans le cadre du contentieux de la liberté. Le tribunal a fait un choix."
"Mon client avait consulté des psychologues et des psychiatres au sein du centre pénitentiaire, précise Maître Lanata. Après un mois, j’ai vu son état se dégrader. C’est pour cela que j’ai encouragé la famille à déposer une plainte contre X. C’est une tragédie, si le rapport d’expertise avait été remis avant le 28 juillet, on aurait jugé sur le fond et on n’en serait peut-être pas arrivé là."
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