Après avoir été accusé de s'être masturbé en classe, il a continué de faire cours
André Bercoff reçoit Luc Vandhenove, ancien professeur de mathématiques. Lâché par sa hiérarchie, celui-ci parle de son calvaire suite à sa mise à pied puis à l'arrêt de son contrat dans son collège de Cergy (Val d'Oise) : "Au début du mois de novembre, j'ai été attrapé par la principale qui me met quasiment manu militari dans une salle pour me faire signer un document et me convoquer quatre jours plus tard". Mais il ne sait pas encore de quoi on l'accuse. La directrice ne veut rien lui dire : "Il y a un énorme problème de communication au niveau de la hiérarchie par rapport aux subalternes".
Luc Vandhenove est contractuel, ce qui signifie que, chaque année, il signe un contrat d'un an, renouvelable ou non. Il poursuit son récit, racontant qu'il se rend donc à sa convocation le lundi avec un collègue enseignant. Accompagnée de son adjointe, la principale lui annonce qu'il est accusé de s'être masturbé dans sa salle de classe. "Ma première réaction, c'est que j'éclate de rire. C'est tellement loufoque, absurde. Je demande des détails : ça se serait passé le 8 novembre et nous sommes le 12. J’ai été accusé de m'être masturbé en classe dans un collège où j'ai continué de faire cours." Il apprend qu'il aurait été vu dans une salle pendant l'heure de la récréation. Il précise que cette salle possède une immense baie vitrée qui donne sur la cour. "Certaines ont dit m'avoir vu, mais alors il y a avait 200 autres élèves dehors qui voyaient encore mieux qu'elles."
Et de préciser : "Cerise sur le gâteau, le bureau est un bureau plein, c'est-à-dire que l'on ne peut voir que les pieds et les premières côtes. Or, il y en a deux qui n'ont pas arrêté de répéter qu'elles auraient vu mon sexe, ce qui est faux puisque sur le plan matériel, c'est impossible". Le professeur explique ne pas savoir qui l'accuse et surtout : "Je continue à faire cours. C'est assez étonnant quand même. J'aurais compris que je sois mis à pied de manière conservatoire. Mais non, je continue à faire cours, c'est grave quand même. Trois jours plus tard, un garçon dénonce une des filles. Il dit : 'On en a marre, elle n'arrête pas de raconter des bobards, de dire des méchancetés sur vous'. Je me tourne vers la fille qui part en courant et se réfugie dans le bureau de la principale". Lorsque le père de la jeune fille arrive, celle-ci se rétracte et fait un écrit. Elle avoue au professeur qu'une autre fille lui aurait dit de le faire.
Luc Vandhenove raconte qu'il a continué de faire cours avec ses élèves et que tout se passait bien jusqu'au 22 novembre 2018, jour où il reçoit un écrit du rectorat. "J’ai été mis à pied sans même que le rectorat n’examine mon dossier." Il est donc suspendu quatorze jours après les faits supposés. Il découvre enfin le dossier dans lequel il apprend qu'elles sont cinq filles, dont une qui n'a rien vu, deux autres qui disent qu'une autre leur a raconté les faits. Ne restent donc que deux collégiennes, dont celle qui s'est rétractée. "Au final, l’accusation ne reposait que sur les dires d’une élève dont les propos ne tenaient absolument pas la route." Il apprend aussi qu'une professeure a fait un écrit contre lui : "C'était un témoignage fait uniquement pour nuire, il n'y avait rien dedans". Il précise aussi que ce sont deux femmes qui ont traité son dossier au rectorat. "J’ai senti que mes accusatrices du rectorat étaient déçues de voir que je n’étais pas coupable." Et de conclure : "La hiérarchie dans l’Éducation nationale a un poids quasi-totalitaire".
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