Le rapport rendu par l’Institut Montaigne concernant l’islam de France risque fort de faire grand bruit. Arrivé sur la table d’Emmanuel Macron, celui-ci ambitionne d’enrayer la progression du fondamentalisme chez les musulmans de France, en créant notamment une Association musulmane pour l'islam de France (Amif).
Pour son auteur, Hakim El Karoui, il s’agit de “créer une organisation neutre, indépendante de ceux qui tiennent aujourd’hui les mosquées, pour prélever une toute petite somme d’argent sur chaque acte de consommation et réinvestir cet argent dans le travail théologique, parce que c’est la mère de toutes les batailles”.
Ces nouvelles mesures préconisées par l’Institut Montaigne peuvent-elles être appliquées et surtout, vont-elles cette fois-ci être prises en compte par l’exécutif ? « Hakim avait déjà fait un premier rapport sur l’islam de France, il y a 4 ans, lequel avait fait l’effet d’une véritable bombe puisqu’il avait révélé qu’à peu près 30% des musulmans de France considèrent la charia comme supérieure à la loi de la République, explique Michel Taube. Cette nouvelle étude montre que la situation a empiré et que les idées islamistes ont gagné du terrain dans la population ». Hakim El Karoui « n’est pas n’importe qui, puisqu’il est un conseiller d’Emmanuel Macron qui a ses entrées à l’Élysée. Il est en quelque sorte la voix d’Emmanuel Macron dans la communauté musulmane. »
Pour sa part, Nicolas Moreau reste perplexe quant aux éventuels résultats de ce rapport. « Le président de la République fuit depuis des mois les questions sur la laïcité, parce qu’il sait que ce sujet est brûlant. Hakim émet beaucoup de propositions faites il y a déjà deux ou trois ans, notamment en ce qui concerne le financement par le halal. La philosophie même de ce rapport étant une prise en main de l’islam par l’État, j’y crois peu, car cela est extrêmement arrogant. Au mieux, ils formeront des imams qui iront dans des mosquées made in République, mais ce n’est pas dit que les croyants s’y rendent. De toute façon, ceux qui posent problème vont très peu à la mosquée. »
« L’état a un rôle: faire appliquer les principes de la république, souligne Nicolas Moreau. Il n’a qu’à fixer des principes très simples, par exemple “chez nous les hommes et les femmes sont égaux”, “chez nous l’antisémitisme est une abomination” , “chez nous, l’homophobie est une abomination”, etc. L’état doit fixer ces principes et les faire respecter. Libre à chacun d’interpréter les textes comme il le veut chez lui, tant qu’il respecte ces principes. »
« La question n’est pas tant de savoir si les religions sont oui ou non compatibles avec la République, étant donné qu’il y a le principe de laïcité, fait remarquer Sophie Menton. Il y a des lois, celles de la République, prises au nom du peuple français, qui s’imposent à tous sur le territoire français. À partir du moment où une idéologie ne les respecte pas, il y a là un pouvoir de coercition de la part de l’État, qui doit faire fermer les mosquées, qui doit également fermer les sites salafistes. Aujourd’hui, et c’est ce qui est dit dans le rapport, la religion ne s’apprend plus à la maison, mais sur internet. »
La suite du débat est à retrouver sur le podcast “Inquiétante montée du salafisme en France, l'islam est-il compatible avec la République ?”