Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, se verra remettre ce vendredi un rapport émanant du Haut Conseil à l'égalité, proposant toute une série de mesures, visant à améliorer les rapports entre gynécologues et patientes. Il faut dire que les témoignages de femmes ayant subi des violences gynécologiques et obstétricales se multiplient. Remarques sexistes, actes non consentis ou non respectueux de l'intégrité physique, nombreux sont les cas de figure où des violences, parfois traumatisantes, ont été recensées. Sabine, qui a dû subir une stérilisation non voulue, fait partie de ces victimes dénonçant la dégradation des relations avec les médecins. Nous l'avons rencontrée.
"Pour eux, nous ne sommes pas des êtres humains"
Âgée de 48 ans, cette mère de famille de 5 enfants a ainsi connu une dernière grossesse mouvementée. Des complications lors de l'accouchement l'ont en effet contrainte à subir une césarienne, puis une ligature des trompes à la demande de son gynécologue obstétricien. Elle nous raconte. "Une fois que j'étais attachée, mon bébé est parti avec le pédiatre et j'attendais des nouvelles. Il (le médecin) a fait pression en me disant que mon utérus n'étais pas en bon état, qu'il ne fallait pas faire d'autres enfants parce que sinon l'utérus allait se rompre et j'allais mourir", nous confie-t-elle, affirmant qu'il était de notoriété publique à l'époque que ce praticien "n'aimait pas les familles nombreuses".
Devant les arguments de son gynécologue, elle finit pourtant par céder et accepter la stérilisation, alors qu'elle souhaitait avoir un sixième enfant. Ce qu'elle regrette, déplorant n'avoir pu disposer de son corps. "On n'est dépossédées. Pour eux nos ne sommes pas des êtres humains, on n'a pas de pensées, pas d'envie. On est à vendre et ils s'arrogent le droit de décider combien d'enfants on doit avoir, si on doit en avoir etc...", vitupère-t-elle.
Des mots lourds à la hauteur du traumatisme qu'elle a vécu. Une véritable épreuve dont elle n'est pas sortie indemne et qui l'empêche encore aujourd'hui de consulter de nouveau.
Propos recueillis par Clément Bargain