Reportage Sud Radio de Clément Bargain
Gabin a vécu cinq ans dans une chambre de bonne de cinq mètres carré:
"Juste un carré, comme un box. Y'a rien: une chambre et une porte blindée, c'est tout..."
Dans cette pièce aux allures de cellules, pas de cuisine, aucun point d’eau, Gabin a dû trouver un système D pour pouvoir se laver: "J'ai acheté deux blocs de plastique, et un rideau, et j'ai installé des toilettes dans le couloir. Je chauffe de l'eau dans la théière, je suis debout dans le grand bac de plastique, et là je fais une douche à l'ancienne".
Gabin a cherché un autre logement plus grand, plus décent. Mais ce Syrien réfugié en France s’est retrouvé face des propriétaires frileux: "Il m'a dit: ce n'est pas assez, le travail. Quand je montrais ma déclaration d'impôts de l'année d'avant, zéro, il était pas content. Il faut un garant, il y a pas de garant. Il faut trois fois le loyer, et presque cinq kilos de papiers pour obtenir un logement ! "
"Record d'expulsions, de demandeurs de logements sociaux, de coupures d'énergie"
Gabin a déposé une demande pour un logement social, restée sans réponse pendant de longues années: 22 % des mal-logés en France sont des personnes seules. Il a déposé plainte contre son propriétaire, marchand de sommeil, une procédure judiciaire est en cours… En attendant, il a enfin trouvé un logement social.
Selon l’Insee, entre 2001 et 2012, le nombre de SDF a augmenté de 50 %. Il faut faire beaucoup plus pour lutter contre le mal-logement selon Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. Pour lui, la politique du gouvernement n’est pas satisfaisante: "On a un record des expulsions locatives: plus de 15.900 expulsions locatives. On a un record du nombre de demandeurs de logements sociaux, plus de 2 millions de demandeurs de logements sociaux. On a un record des coupures d'énergie pour les gens qui n'arrivent pas à se chauffer. On est dans des situations extrêmement tendues sur le front de l'urgence sociale liée au logement. Dans les choix économiques, fiscaux, budgétaires faits par le gouvernement depuis deux ans et demi, globalement la redistribution s'est faite au profit des très riches, mais les plus pauvres n'ont pas vu la couleur de ces mesures sociales, budgétaires et fiscales pour augmenter leur pouvoir d'achat !"