Les docteurs en psychiatrie et anciens experts auprès de la Cour d’appel, Daniel Cosculluela et Joël Hartmann, et auteurs d’une lettre sur l’affaire Sarah Halimi, sont revenus au micro d’André Bercoff pour en parler.
Dr. Joël Hartmann : "Le problème de la bouffée délirante aigü, c’est la certitude d’en faire le diagnostic"
Revenant sur l’affaire du meurtre de Sarah Halimi, retraitée juive de 67 ans en avril 2017, les invités d’André Bercoff, les docteurs en psychiatrie Joël Hartmann et Daniel Cosculluela, se sont penchés plus particulièrement sur la décision de la Cour de cassation. Cette dernière a fait le choix de confirmer l’irresponsabilité du meurtrier estimant que si le caractère antisémite du crime était certain, le meurtrier ne pouvait être considéré responsable du fait de l’abolition de son discernement au moment des faits en caractérisant une bouffée délirante.
Le docteur Joël Hartmann a tout d’abord souhaité rappeler que "le problème de la bouffée délirante aigü, c’est la certitude d’en faire le diagnostic". En effet, il est complexe d’établir un diagnostic clair et précis de cette pathologie puisqu’il s’agit d’un "diagnostic qui s’établit a posteriori sur des éléments révélés par l’individu et après l’épisode". Il n’y a donc pour le psychiatre "aucune certitude sur la véracité des choses qui sont racontées".
Le docteur Hartmann, s’il considère que le diagnostic est difficile à établir, estime cependant, que dans le cas de Kobili Traoré, meurtrier de Sarah Halimi, "ce qui était connu depuis très longtemps, c’était son profil plutôt de sociopathe ou de psychopathe parce qu’il avait un certain nombre d’antécédents qui ne sont pas sans rappeler les profils de plusieurs terroristes tristement célèbres, Coulibaly, Kouachi, Merah, c’est-à-dire un profil de psychopathe."
[#SudRadio] @andrebercoff - L'affaire #Halimi vue par des psychiatres
🗣️ Dr Joël Hartmann : "Ce qui a choqué l'opinion publique c'est que cette personne avait été condamné maintes fois, il avait manifesté son antisémitisme, sa violence..."
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Dr. Daniel Cosculluela : "Le discernement n’est pas à proprement parler un concept médical"
De son côté, le docteur Daniel Cosculluela est revenu sur le rôle d’un psychiatre au cours d’une affaire criminelle, il a rappelé que dans la loi "il n’est pas question de faire systématiquement appel à un expert pour se prononcer sur la responsabilité ou le discernement de l’individu qui commet les actes". Ainsi, un juge peut décider de se passer de l’expertise psychiatrique d’un prévenu, il peut également dans le cas de la présence d’un expert, ignorer les conclusions de son expertise.
Dans l’affaire du meurtre de Sarah Halimi, la notion de discernement a été de très nombreuses fois évoquée, puisque la justice a décidé de mettre en avant l’absence de discernement de l’accusé au moment des faits. Le docteur Daniel Cosculluela a estimé que : "Dans cette affaire et dans de multiples autres, la consommation d’alcool, la consommation de drogue de quelque nature que ce soit ne peut pas être considérée comme étant le fait d’un manque de discernement." Il estime que le choix de se droguer et d’altérer délibérément son discernement relève d'une part de responsabilité.
"Cette responsabilité initiale peut engager par la suite une perte de responsabilité mais elle ne saurait être considérée comme étant quelque chose susceptible de blanchir l’individu de ses actes", explique le psychiatre ajoutant que "le discernement n’est pas à proprement parler un concept médical".
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