La tension monte entre Twitter et Donald Trump.
Une parabole de la guerre culturelle qui déchire l’Amérique. D’un côté, Trump et son franc-parler qui plaît aux petits blancs, de l’autre, la Silicon valley, les Soy boys, mangeurs de soja et de politiquement correct.
Les tweets du premier suscitent régulièrement l’indignation et appelent à la censure de la seconde. Jusque-là, Twitter n’y touchait pas au nom de l’intérêt du public. La semaine dernière, deux messages du président furent signalés par le réseau social comme trompeurs (sur le vote par correspondance et sur la mort d’une assistante parlementaire il y a dix ans).
Et puis il y a eu le message menaçant de tirer sur les manifestants. Ou plutôt les pillards.
Vendredi soir, il tweetait : « Ces VOYOUS déshonorent la mémoire de George Floyd. Si les pillages commencent, les tirs commencent. » Immédiatement suivi d’une mention précisant qu’il enfreint les règles du réseau social relatives à la glorification de la violence. Impossible de le retweeter ou d’y répondre.
Concédons que la forme est trumpienne. Sur le fond, il dit que face aux émeutiers, il ordonnera l’usage de la force. Cela fait partie de ses prérogatives. Et avant de s’indigner, il faut rappeler que les pillards sont armés.
Surtout, le problème n’est pas de savoir si ce que dit le président élu des Américains vous agrée mais s’il a le droit de le dire et si Twitter a le droit de le censurer.
Et alors, que dit le droit ?
Juridiquement, les réseauxsoci aux bénéficient d’un régime très favorable
- Ne sont pas responsables des contenus
- Peuvent retirer des messages comme bon leur semble.
Trump menace de changer la loi. « Nous ne pouvons pas les laisser choisir quel discours les Américains peuvent consulter et publier en ligne». Zuckerberg, patron de Facebook l’a défendu, insistant sur le fait qu’aucune entreprise privée ne devrait agir comme “l’arbitre de la vérité”. Bruyante contestation interne mais il a raison.
En France, est-ce que la loi Avia règle le problème des contenus illicites ?
Non, c’est une très mauvaise réponse à une bonne question. Si on ne peut pas laisser dire n’importe quoi, on ne peut pas laisser n’importe qui faire la police de la parole.
On a choisi la solution la plus liberticide. On a filé le pouvoir aux plates-formes. Ce n’est pas parce que Big Brother est cool, qu’il fait du vélo, mange bio et fume des joints que nous devons lui confier le gouvernement des esprits.