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Le regard libre d'Élisabeth Lévy sur l'abandon des chiffres romains de certains musées : "Nous nous adaptons au déclin au lieu de le combattre"

Ce jeudi matin, Élisabeth Lévy parle de l’affaire des chiffres romains. Plusieurs grands musées ont choisi d'y renoncer.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Ce jeudi matin, Élisabeth Lévy parle de l’affaire des chiffres romains. Plusieurs grands musées ont choisi d'y renoncer.

Souvenez-vous du sketch des inconnus en 1989. En 32 ans, la farce est devenue la réalité. Le Louvre avait déjà renoncé aux chiffres romains pour désigner les siècles dans ses cartels et panneaux explicatifs. Le Figaro dit que le musée Carnavalet (histoire de Paris) les a aussi éliminés pour les rois. Louis-croix-v-bâton... 

Pourquoi ? 

De moins en moins de gens savent les lire. Une responsable de Carnavalet dit "Nous ne sommes pas contre les chiffres romains". Ouf. Mais ils peuvent être un obstacle à la compréhension. Sachant qu’une écrasante majorité des jeunes visiteurs ignore ce qu’est une annonciation ou une descente au tombeau, on n’a qu’à dégager les tableaux. 

Vous savez écrire 3412 en chiffres romains ? 

Pour l’essentiel, en tout cas les nombres compris entre I et XXV sans le fourbe C (500). Et si dans un musée je n’identifie pas un nombre, je vais chercher et trouver. 

Cette histoire est triplement allégorique. C'est une déconnexion avec la culture classique. Ça prouve la baisse générale du niveau. Niée durant des années par des sociologues-effaçologues, c'est aujourd’hui prouvée par toutes les enquêtes (et le sens commun). Selon le classement PISA : la France est au 20ème rang de l’OCDE en compréhension de l’écrit. À peine moyenne. 

Nous nous adaptons au déclin au lieu de le combattre. S’ils ne comprennent pas la langue, simplifions-là. Ne les traumatisons pas avec des auteurs difficiles. Ne stigmatisons pas les moins doués et les derniers arrivés. 

A vous entendre, le déclin est inexorable…

Non. Tout le monde connaît la solution : refonder l’école autour des savoirs, rationner strictement les écrans. Une raison d’espérer : la décision de Carnavalet a suscité un tollé et pas seulement en France. Les Français aiment leur langue et ses bizarreries. 

Les Italiens sont révoltés par cette désappropriation culturelle, une coupure de nos racines gréco-latines. Une jeune Russe vivant à Paris m’a raconté que sa mère, à Moscou, lui avait parlé de l’affaire des chiffres romains. De Gaulle disait : "la France offre au monde une langue par excellence adaptée au caractère universel de la pensée". Si nous oublions de la chérir, au-delà de nos frontières, beaucoup le font.

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