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Le regard libre d'Élisabeth Lévy sur la prescription pour les crimes sexuels sur mineurs

Ce lundi, Élisabeth Levy évoque la prescription pour les crimes sexuels sur mineurs.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Ce lundi, Élisabeth Levy évoque la prescription pour les crimes sexuels sur mineurs.

Le cycle sans fin des scandales sexuels donne des ailes aux militants qui réclament que les abus sur jeunes de moins de 16 ans soient imprescriptibles et qu’ils puissent être jugés à vie. Cela revient à aligner ces crimes privés sur les crimes contre l’humanité et meurtre de masse de groupes spécifiques. 

Dès que le mot "enfant" est prononcé, il est interdit de réfléchir. L'argument de Jean-Louis Debré est particulièrement nunuche: "La douleur des victimes est imprescriptible, le crime doit l’être aussi". D’abord, on a le droit de se remettre d’un viol. Ensuite, adapter la prescription à la souffrance des victimes, c’est remplacer la Justice par le cycle infernal de la vengeance. 

La prescription c’est pas de Justice du tout ?

C’est mieux qu’une justice injuste. C'est la raison d’être de la prescription, c’est qu’au-delà d’un certain délai justice impossible. Il n'y a plus de preuves, il y a des témoignages fragiles et des témoins disparus. La prescription signifie qu’on préfère un coupable en liberté à un innocent en prison. Les militants de la cause des enfants pensent le contraire. Et le gouvernement y réfléchit. 

Or, combinée à l’inquiétante vogue de la mémoire traumatique retrouvée et au désir de victimisation, l' imprescriptibilité annonce une forme de terreur. Muriel Salmona et ses disciples peuvent convaincre toute personne qui pense rater sa vie qu’elle a été violée dans l’enfance. Les mêmes activistes exigent que le législateur reconnaisse la présomption de culpabilité du prédateur, sans autre preuve que la déclaration de la victime. Tout homme pourrait être accusé et condamné parce que quelqu’un a retrouvé la mémoire. C'est le piège kafkaien parfait.

Mais que dire aux victimes ? 

La vérité ! Que passé un certain délai, elles ne pourront plus obtenir réparation. Qu’il y a des crimes impunis. Aujourd’hui, un enfant abusé à 10 ans peut porter plainte jusqu’à 30 ans après sa majorité, donc jusqu’à 48 ans. De plus, quand les crimes, même prescrits, sont avérés, il n'y a pas d’impunité. C'est la mort sociale. 

Au lieu de rappeler des vérités judiciaires raisonnables, le Parquet de Paris donne de faux espoirs aux victimes en ouvrant des enquêtes sur des faits prescrits. Sauf à rendre la loi rétroactive ce qui serait totalitaire, aucun tribunal ne se prononcera. Ça laissera l’impression que des innocents présumés sont coupables. On ne répare pas une injustice en piétinant les règles élémentaires de la Justice.

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