Élisabeth Lévy a écouté le discours d’Emmanuel Macron sur les harkis et c'est son regard libre de ce mardi 21 septembre.
L’abandon des harkis est une tâche pour la France, pour De Gaulle. L’honneur de l’armée, c’est de ne jamais abandonner ses soldats, morts ou vivants.
Qu’il faille le reconnaître et le réparer si c’est encore possible, c’est évident. Macron n’est pas le premier. Pompidou, Chirac l’ont fait. Cependant, ce sont les Algériens qui les ont torturés et massacrés. On aimerait bien qu’eux aussi reconnaissent les crimes du FLN contre civils et contre les Harkis.
Cependant, je n’aime pas qu’un Etat demande pardon. C'est du vocabulaire religieux, pas politique. Il se justifie pour les crimes contre l’humanité : ce n'est pas du domaine politique mais métaphysique. En demandant pardon pour le nazisme, la République fédérale instituait une rupture nette avec le IIIème Reich.
Le discours de Chirac au Vel d’Hiv est déjà plus contestable. La France a commis l’irréparable. Vichy, ce n’était pas toute la France. De plus, a ouvert le guichet de la repentance. Mais au moins, c’était au début du quinquennat.
Et pour les harkis c’est trop tard ?
Sept mois avant l’élection, il est difficile d’évacuer le soupçon d’électoralisme. c'est un clin d’œil aux harkis mais aussi à la droite.
Surtout, la boucle du en même temps est bouclée. Le 15 février 2017, le candidat Macron déclarait : "la colonisation a été un crime contre l’humanité. Il y a une circonstance aggravante, c’était à Alger.
Presque cinq ans plus tard, le presque-candidat Macron prétend apaiser les blessures de gens qui ont été complices de ce supposé crime contre l’humanité. Encore une cuillère pour papa et une cuillère pour maman, une cuillère pour les jeunes issus de l’immigration une cuillère pour les flics, une cuillère pour les homos une cuillère pour les cathos, un coup je fais des mines aux écolos un coup je câline les Gilets jaunes...
On ne sait plus à quel Macron se vouer. Et à force, on finit par n’en croire aucun.