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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - Adèle Haenel, mort de la présomption d’innocence et le tribunal des Césars

Alors qu'Harvey Weinstein vient d'être condamné pour viol et aggression sexuel et que la cérémonie des Césars approche avec la polémique Polanski, Adèle Haenel choisit le bon moment pour frapper là où ça fait mal : sur le mâle blanc prédateur.

Le regard libre d'Elisabeth Lévy

Retrouvez le regard libre d'Élisabeth Lévy chaque matin, du lundi au vendredi à 8h10, sur sudradio.fr.

Avez-vous lu le long entretien qu’Adèle Haenel a donné au New York Times ?

Coïncidence. Le jour où Weinstein est reconnu coupable de viols, la comédienne de 31 ans, s’exprime pour la première fois depuis qu’elle a accusé un réalisateur, Christophe Ruggia, de harcèlement et d’attouchements lorsqu'elle avait treize ans. Celui-ci, qui nie tout geste déplacé, a été mis en examen en janvier, mais son exclusion sociale a déjà eu lieu.

Adèle Haenel est convaincue d’avoir (je cite) « fait du bien au monde » et elle entend continuer. Elle livre donc sa pensée sur la marche du monde, de la France et du cinéma. Et elle s’avère une parfaite représentante de l’esprit de gramophone dont parlait George Orwell : elle débite l’air du temps en tranche et ça fait peur.

On reconnaît votre sens de la mesure. Qu’est-ce qui vous choque dans ses propos ?

À peu près tout. Comme la nouvelle génération féministe, Adèle Haenel est éprise de normes, de sanctions, de contrôle, de flicage.

« D’un point de vue politique et médiatique, la France a complètement raté le coche de la vague #MeToo mais, celle-ci s’est imprimée dans les esprits ». Et bien c’est le contraire. La société refuse de condamner tous les hommes à cause d’une minorité d’hommes violents. La France médiatique et politique se prosterne. Macron parle d’une société malade du sexisme. Cela n’empêche pas Haenel de décréter que « les pouvoirs publics tolèrent une marge de violence sur les femmes ».

Elle est peut-être excessive, mais elle défend les droits des femmes ?

En sacrifiant les droits des hommes, à commencer par celui de se défendre. Dernière énormité : « On doit croire toutes les femmes qui parlent.» Si l’accusation vaut condamnation, plus de présomption d’innocence, plus de procès contradictoire. Ça s’appelle le lynchage, pas la justice.

Sans surprise, voilà la ritournelle anti-Polanski. La date de cet entretien ne doit rien au hasard. La cérémonie des Césars se tient vendredi. J’accuse a récolté douze nominations contre 11 pour les Misérables et 10 pour le Portrait de la jeune fille en feu. Sauf erreur, c’est aujourd’hui la clôture du vote. Selon Haenel, « distinguer Polanski, ça veut dire, que « ce n’est pas si grave de violer des femmes ». Et bien non : ça veut dire que l’œuvre et l’artiste ne sont pas la même chose et que, quand la victime a pardonné une faute vieille de quarante ans, ce n’est pas à Adèle Haenel de juger.

Pour Haenel, le problème, ce n’est pas seulement Polanski. « Que les hommes riches et blancs ne s’inquiètent pas, ils possèdent tous les moyens de communication. » Eh bien, si, ils ont des raisons de s’inquiéter, et pas seulement quand ils sont coupables.

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