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"Le harcèlement scolaire touche 10% des écoliers et collégiens aujourd’hui"

Par Benjamin Jeanjean

Pédopsychiatre à la clinique psychiatrique Lautréamont de Loos (Nord), le Dr Frédéric Kochman était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce jeudi pour aborder la question de la phobie scolaire.

Illustration cour de lycée (©Frank Perry)

Comment faire la différence entre un simple caprice d’enfant et un profond mal-être à l’idée de se rendre à l’école. Invité du Grand Matin Sud Radio, le pédopsychiatre Frédéric Kochman liste quelques recommandations pour éviter cet écueil. "La phobie scolaire peut être difficile à détecter parce que pendant des semaines, l’enfant peut avoir des plaintes très peu spécifiques. Il dira plus facilement qu’il n’est pas bien ou qu’il a mal au ventre avant d’aller à l’école. On peut donc consulter des médecins, se demander s’il n’a pas l’appendicite ou une gastro, et faire fausse route. (…) Les parents se doutent souvent et rapidement qu’il se passe quelque chose. Il faut alors s’asseoir avec son enfant en lui demandant ce qu’il se passe, s’il peut parler un peu plus de l’école, etc. L’idée, c’est d’entrer en communication avec son enfant qui, lui, se sent en grande difficulté voire même parfois honteux d’en parler. Le matin n’est pas forcément le meilleur moment pour en parler, mais on peut aborder le sujet le soir en faisant une petite balade, en demandant alors à l’enfant ce qui se passe bien à l’école, ce qui se passe moins bien… L’idée, c’est que l’enfant puisse enfin parler du copain qui le harcèle à l’école ou de la maîtresse qui est "méchante"", préconise-t-il.

"La phobie scolaire n’est pas une maladie en tant que telle"

Frédéric Kochman précise par ailleurs que la phobie scolaire peut arborer plusieurs visages. "Ce n’est pas une maladie en tant que telle, mais plutôt un dossier dans lequel on verra différents problèmes. Par exemple, il peut s’agir d’une anxiété de séparation, avec un enfant paniqué à l’idée de se séparer de sa maman. Un modèle classique, c’est une maman qui a eu des problèmes de santé, qui s’est évanouie ou a eu un accident vasculaire cérébral et a été hospitalisée. L’enfant vit ensuite dans la panique que sa maman meure pendant qu’il n’est pas là. Il peut aussi s’agir d’une anxiété sociale, avec un enfant paniqué à l’idée du regard des autres et dans un état d’angoisse majeure quand il y a du public. Cela peut tout à fait arriver dans une école. Enfin, le modèle le plus classique actuellement, c’est le harcèlement scolaire, qui touche 10% des jeunes d’une école primaire ou d’un collège aujourd’hui ! Sur un collège de 1000 personnes, 100 élèves sont victimes de harcèlement scolaire, parfois grave (menaces de mort, humiliations quotidiennes…)", explique-t-il.

"Un problème endémique qui touche 700 000 jeunes aujourd’hui"

"La phobie scolaire touchera plus facilement des enfants hyper-émotifs, ultrasensibles à la musique, à la créativité artistique… Des enfants qui ont le cœur sur la main. Ceux-là seront des cibles plus importantes pour les harceleurs scolaires. N’oublions pas en plus qu’aujourd’hui le harcèlement scolaire se double de cyber-harcèlement. Aujourd’hui, il n’y a plus le refuge de la maison. Même dans son lit, on continue à être humilié via SMS et réseaux sociaux", ajoute-t-il.

Enfin, le pédopsychiatre en appelle à la vigilance des responsables d’établissements pour lutter contre ce fléau. "Pour que le harcèlement s’arrête, on a besoin d’une école à l’écoute, consciente du problème et refusant la politique de l’autruche. Il faut parfois être sévère, et moi je demande à tous les directeurs, les CPE et les proviseurs d’être ultra-vigilants parce qu’il s’agit aujourd’hui d’un problème endémique qui touche des centaines de milliers de jeunes en France (700 000, selon les estimations) !", conclut-il.

Réécoutez ici en podcast l’interview de Frédéric Kochman dans le Grand Matin Sud Radio

 

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