Latifa Ibn Ziaten, la mère de la première victime de Mohamed Merah en 2012 à Toulouse, a dû quitter le collège où elle donnait une conférence à Saint-Jean-de-la-Ruelle, dans la banlieue d'Orléans, le mercredi 20 octobre au matin. En effet, un appel menaçant de "tout faire sauter" a été reçu par l’établissement. Un mineur "a été interpellé et placé en garde à vue", a annoncé la procureure de la République d’Orléans dans la soirée.
Latifa Ibn Ziaten : "Je reçois des menaces quasiment tous les jours"
"Nous étions dans un établissement scolaire. J’ai commencé à échanger avec des élèves, raconte Latifa Ibn Ziaten. La sécurité est venue me chercher et m’a dit 'Madame, il faut sortir, c’est urgent'. Je n’ai pas pensé qu’il avait quelque chose. J’ai répondu que je ne pouvais pas, qu’il fallait que je parle aux jeunes avant de sortir et qu’il n’y ait pas de panique." Il s’agissait d’une alerte à la bombe. Est-elle souvent la cible de menaces ? "Je me suis engagée dans ce combat, rien ne me fait peur, explique Latifa Ibn Ziaten. Je reçois des menaces quasiment tous les jours. Quelqu’un qui est devant moi et me menace, je lui conseille juste de prendre le bon chemin."
Sur Twitter, Christophe Chaillou, maire (PS) de Saint-Jean-de-la-Ruelle, a condamné cette alerte à la bombe : "J’adresse tout mon soutien à Latifa Ibn Ziaten. Un appel téléphonique malveillant et menaçant reçu au sein de l’établissement l’a contrainte à écourter ses échanges avec les collégiens. Je déplore et condamne cet acte inadmissible. (…) Je souhaite vivement que les auteurs de ce type d’appel anonyme soit rapidement identifiés et sanctionnés. Plus que jamais, dans ces temps troublés, nous avons besoin de calme et de sérénité."
"Sur les réseaux, on crée plus de haine que de paix"
Latifa Ibn Ziaten sent-elle un climat pesant, du fait des menaces islamistes et radicales ? "Avec tout ce qui se passe sur les réseaux, on crée plus de haine que de paix, estime la mère de la première victime de Mohamed Merah. Au lieu de libérer les gens, ils ne se comprennent plus, ils ont peur les uns des autres. Cela anime cette haine, c’est vraiment dommage."
Pour autant, Latifa Ibn Ziaten arrive-t-elle à convaincre les jeunes dans les lycées et collèges ? "À chaque conférence, il y a des enfants radicalisés dans tous les établissements, confie Latifa Ibn Ziaten. Je les détecte tout de suite. J’essaie de les convaincre, et il y en a qui me croient. Il faut vraiment travailler avec les familles, les parents, travailler l’intégration pour eux et leurs enfants. Il y a une jeunesse complètement perdue et oubliée."
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