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La future rentrée scolaire, théâtre de réformes encore floues 

Par Benjamin Rieth avec AFP

Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a d’ores et déjà annoncé plusieurs réformes pour la future rentrée scolaire, en primaire comme au collège. Mais au-delà des annonces, les syndicats s’inquiètent de leur mise en œuvre.

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À peine l’année finie pour les élèves, le ministre de l’Éducation planche déjà sur la future rentrée scolaire. Et il y a urgence puisque Jean-Michel Blanquer a multiplié les annonces depuis sa prise de fonction, au point que les termes "détricotage" et "ministre Ctrl-Z" - une référence au raccourci utilisé sur un ordinateur pour effacer ce qui vient d’être fait - lui ont été régulièrement associés dans la presse et sur les réseaux sociaux. En quelques semaines, Jean-Michel Blanquer a ainsi distillé par petite touches ses projets pour la prochaine rentrée : assouplissement des rythmes scolaires et de la réforme du collège, un dispositif d'aide aux devoirs, limitation de classes de CP à 12 élèves maximum, instauration de stages d'été avant l'entrée en sixième dans les quartiers très défavorisés. Il a aussi rappelé l'intérêt du redoublement dans certains cas.

Les syndicats craignent les "bricolages" à la rentrée

Numéro deux du ministère pendant le quinquennat Sarkozy, marqué par une réduction du nombre de profs, Jean-Michel Blanquer "fait preuve pour le moment d'un conservatisme prudent", analyse le sociologue de l'éducation François Dubet. "Certains de ses projets semblent conservateurs, comme le retour des classes bilangues censé faire plaisir aux classes moyennes supérieures. D'autres sont plus novateurs, comme les effectifs réduits en CP ou l'autonomie donnée aux collèges", explique-t-il.

Du côté des syndicats, on s’inquiète de possibles bricolages à la rentrée pour faire passer toutes ces réformes. "Il dit vouloir assurer la continuité éducative mais ce n'est pas du tout en adéquation avec ce qu'il propose", redoute pour sa part Francette Poppineau, secrétaire générale du SNUipp-FSU, le premier syndicat des enseignants du primaire. Sa mesure phare, la limitation à 12 élèves maximum en CP en réseau d'éducation prioritaire renforcé, "se fera au détriment du dispositif 'plus de maîtres que de classes'", instauré par le précédent gouvernement, dit-elle. La responsable syndicale estime aussi que sa nouvelle mesure, non "budgétée", risque d'avoir des conséquences négatives par ailleurs. "Toute mesure qui semble gratuite sera forcément payée par des ouvertures de classes qui ne se feront pas ou par des classes en sureffectifs", assure Francette Poppineau, qui s'attend à des "bricolages à la rentrée".

Les collèges réclament de nouveaux moyens

"Pour l'instant, on n'a rien de très concret", déclare pour sa part Stéphane Crochet, du SE-Unsa. Selon lui, la volonté de remettre au collège des classes bilangues et de redonner plus de poids au latin et au grec est "avant tout un signal politique" et traduit "une volonté de parler à un électorat qui avait vécu la réforme de 2016 comme une contrainte". Ces deux mesures avaient été parmi les plus controversées de la réforme du collège mise en œuvre à la rentrée dernière. Cette réforme instituait aussi des enseignements de complément (l'accompagnement personnalisé et les enseignements pratiques interdisciplinaires). Pour la rentrée 2017, ils ne seront pas supprimés mais leur cadre très fortement assoupli. "Sur le collège, M. Blanquer fait preuve de pragmatisme", juge Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU, syndicat en pointe contre cette réforme, jugée "très difficile à appliquer"

"La rentrée, c'est demain", avertit pour sa part Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, principal syndicat des chefs d'établissement. Selon lui, plus qu'un nouveau texte de cinquante pages, il faudra "donner les moyens aux collèges de mettre en place ce dispositif". Quant au retour possible à la semaine de 4 jours pour les communes qui le souhaitent, il ne doit pas se faire "à marche forcée et dans la précipitation", mais "dans la concertation", plaide le SNUipp, le seul syndicat favorable à cet assouplissement.

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