Si sur le plan sanitaire "on a de bonnes raisons d'espérer qu'on est à la fin de la crise", les réponses politiques apportées risquent "de la faire durer encore un moment", estime Jean-Dominique Michel qui regrette "un certain nombre de messages qui sont envoyés et qui ne tiennent pas compte de la réalité". "Malheureusement, ça n'a pas l'air de se corriger en cours de route, c'est pour cette raison que cette crise dure", déplore-t-il.
Une différence de traitement entre les protocoles
Le socio-anthropologue dénonce un traitement à deux vitesses entre le protocole du professeur Raoult pour qui "les conditions qui ont été imposées pour être valides sont complètement différentes que les conditions accordées au Remdesivir", observe-t-il. Pour lui, ce traitement développé par les laboratoires Gilead Sciences "bénéficie de facilités scandaleuses quant à sa recommandation par l'Agence européenne du médicament". "Il y a une inégalité de traitement et un manque d'éthique et de déontologie de la part des autorités qui est tellement spectaculaire qu'on ne voit pas d'autres causes à cette différence, que le jeu du travail d'influence et de manipulation des autorités, dont tous les spécialistes du domaine savent depuis quinze ans que c'est un problème majeur', dénonce-t-il.
Au micro de Sud Radio, le professeur Perronne confiait l'inquiétude d'anciens dirigeants de l'industrie pharmaceutique "qui le remerciait en disant qu'eux-mêmes étaient sidérés de voir les dérives qui se sont produites", se rappelle Jean-Dominique Michel. "C'est un phénomène en deux temps mais qu'on voit dans plein d'autres domaines", observe-t-il. "Aux alentours de 1980, il y a eu une grosse dérégulation de toutes les sécurités qu'on avait mises entre les banques d'investissement et les banques de crédit, entre les agences gouvernementales et les industries, puis ça s'est aggravé depuis les années 2000 jusqu'à atteindre des proportions hallucinantes", explique le socio-anthropologue.
Le confinement : une fausse bonne idée ?
Sur la gestion de la crise du Covid-19, Jean-Dominique Michel reconnaît que "les autorités étaient dans la responsabilité de prendre des décisions dans une grande incertitude". Mais selon lui, "le confinement tel qu'il a été pratiqué est une régression à des stades très archaïques de réponses". "On n'a pas les moyens de dépister les gens, on n'a pas d'équipements barrières, donc chacun se terre chez soi en attendant que ça se passe, c'est très archaïque comme manière de faire", estime-t-il. Pour le socio-anthropologue, "on ne peut pas blâmer entièrement les autorités qui n'étaient pas prêtes même si ça faisait parti de leur responsabilité".
Avec le recul, le confinement semble avoir été un mauvais choix. "On observe que les mesures de confinement légères ou de semi-confinement auront été bien meilleures qu'un sévère et généralisé comme ça s'est passé en France", explique Jean-Dominique Michel. Surtout, depuis qu'on a appris que les porteurs sains n'étaient pas contagieux, le scientifique conclut "qu'on n'aurait pas dû confiner". "Il semble même que le confinement aurait aggravé les choses. C'est une intervention qui peut avoir du sens au tout début d'une épidémie quand il y a peu de cas pour empêcher la diffusion, mais les dernières recherches montrent plutôt que le virus était en circulation depuis plusieurs mois, au moins depuis novembre de l'année passée", rappelle-t-il. Selon l'auteur, lorsque "vous confinez une population où il y a déjà un nombre important de personnes infectées, c'est encore pire, parce que le meilleur endroit pour tomber malade et se surinfecter c'est être enfermé quelque part avec des gens contagieux".
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