Les professionnels de la santé sont ravis : en un an, les ventes de cigarettes ont chuté de 9,2 %, réduisant d’un million le nombre de fumeurs en France. Il faut dire que l’État a frappé là où ça fait mal : le porte-monnaie. Oscillant actuellement entre 7 et 9 euros selon les marques, le paquet devrait d’ici 2020 atteindre la barre des 10 euros.
"Une honte" selon certains fumeurs qui ne comprennent pas pourquoi on cherche à freiner leurs achats de cigarettes : "Il ne faut pas empêcher les gens de faire ce qu’ils veulent ! Il y a quelques années, on voyait bien Chirac à la télévision en train de fumer et personne ne disait rien" témoigne un adepte de la nicotine. D’autres en revanche, n’accordent plus aucune importance à ces hausses de prix, et pour cause : ils font partie de ceux qui ont arrêté. Ugo, par exemple, est étudiant à Montpellier. Arrêter de fumer, pour lui c’était plus une obligation qu’un réel choix : avec 200 euros par mois, le budget cigarette n’était clairement pas la priorité. Aujourd’hui, le jeune homme qui ne touche plus à une seule cigarette est ravi : "en arrêtant, j’ai pu faire des économies de 50 à 70 euros par mois. Cela me permet de m’acheter des vêtements de temps en temps, d’aller faire un restau avec ma copine… Des activités que je ne faisais plus tellement en étant fumeur".
Même si les exemples comme Ugo sont nombreux, les buralistes, eux, ne sont pas dupes et s’inquiètent d’une contrebande en hausse qui expliquerait une telle baisse du nombre de fumeurs. "Avant la mise en place de ce plan tabac, 1 cigarette sur 4 vendue en France l’était hors réseau. Là, je pense que l’on va dépasser les 30 % de cigarettes vendues hors réseau. Il y a un trafic de contrebande qui est en train de s’installer, donc nous tirons la sonnette d’alarme. Il faut que les chiffres de ce marché parallèle soient pris en compte quand le nombre de fumeurs sera comptabilisé. Ne nous voilons pas la face... " explique Philippe Alauze, secrétaire général des buralistes d’Île de France.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn, appelle de son côté à continuer la lutte "contre l’un des plus grands fléaux de la santé publique". Chaque année, le tabac tue environ 75 000 Français.
Propos recueillis par John Bourgeois.