François Gervais aimerait bien rencontrer Greta Thunberg pour lui poser une colle : "Quelle est la proportion de CO2 dans l'atmosphère ?" Non, il ne s'agit pas d'une interrogation surprise, ni d'un examen oral en faculté de physique, mais bien la question qui devrait trotter dans la tête des jeunes qui manifestent pour "sauver le climat et la terre". "Je ne suis pas sûr qu'elle ait la réponse", prédit le professeur.
Impossible de décarboner ?
La réponse est "0,04% de CO2 dans l'atmosphère". Bien loin de la vapeur d'eau "entre 1 et 5%" qui est le plus important. "Ce 0,04%, c'est comme si on remplissait un stade de 10.000 personnes, on regarde les 4 personnes qui représentent le CO2. Il y en avait 3 au début du XXe siècle, il y en 4 maintenant", illustre l'essayiste. "Si Greta prétend le voir, elle a de bons yeux parce que voir 1 personne parmi 10.000 c'est extraordinaire", s'amuse François Gervais.
En s'appuyant sur les travaux d'un de ses confrères américains, François Gervais relate qu'à l'heure actuelle, "il y a 11.000 millions de tonnes de pétrole qui sont consommées chaque année". Alors peut-on décarboner avant 2050, comme il l'a été annoncé ? "Il nous reste 11.000 jours avant 2050. Si on veut décarboner d'ici là, ça veut dire que chaque jour il faut remplacer 1 million de tonne équivalent en pétrole par une énergie électrique", explique le professeur. "Ou on construit une nouvelle centrale nucléaire chaque jour, ou on construit 1.500 éoliennes de 2,5 mégawatts par jour. Vous voyez l'enjeu ?", note-t-il. Ça supposerait également "que tout le monde s'y mette et comme la France est responsable de 0,9% des émissions, c'est comme si on construisait un barrage de 90 centimètres de large pour un fleuve de 100 mètres de large", souligne François Gervais.
Vous avez dit réchauffement ?
L'auteur le reconnaît, "si on traduit les 0,04% en tonne dans l'atmosphère, ça fait quand même beaucoup". 3.200 milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère, avance-t-il. Et près de 1.000 milliards de tonnes de carbone ! François Gervais cite alors un rapport du GIEC qui prédit : "si on doublait cette quantité de carbone, on aurait un réchauffement des températures entre 1 et 2,5 degrés".
Une prédiction qui fait bondir le scientifique qui calcule : "Chaque fois qu'on évite d'envoyer une tonne de carbone dans l'atmosphère, on évite un réchauffement d'un millième de milliard de degré", note François Gervais. Une poussière pour lui, qui rappelle que dans une vie, chacun "émet 25 tonnes de carbone en respirant". "J'espère qu'on va continuer à nous autoriser de respirer", conclut-il non sans un sourire narquois.
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