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Emmanuel Martin : "L'endettement est un des moyens de l'État pour faire de l'illusion fiscale"

Par La Rédaction

Emmanuel Martin est docteur en économie. Il enseigne à Aix-Marseille Université ainsi qu’à l’ICES et a rédigé de nombreuses analyses pour l’IREF et Geopolitical Intelligence Services. Il est co-éditeur de "Anti-Piketty" avec Jean-Philippe Delsol et Nicolas Lecaussin et auteur de "L’argent des autres", (aux éditions Les Belles Lettres). Il était l’invité d’André Bercoff jeudi 9 juillet sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Emmanuel Martin invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Emmanuel Martin fait partie de l'école des "anti-Piketty", de ceux qui s'inquiètent sur la politique d'endettement à outrance des États. Une atteinte à l'économie mais surtout à la démocratie.

 

L'illusion fiscale derrière la dette

Dans la "mouvance Piketty", de nombreux économistes estiment que "la dette n'est pas grave, on peut faire tourner la planche à billets". Un discours "inquiétant" pour Emmanuel Martin qu'il conteste tant "pour des raisons économiques que pour des raisons démocratiques et civilisationnelles". "L'endettement est un des moyens de l'État pour faire de l'illusion fiscal", observe le docteur en économie. Un mécanisme utilisé par "les autorités politiques pour cacher aux électeurs-contribuables le coût de l'État", explique le professeur.

"C'est complètement anti-démocratique, c'est une dérive de notre démocratie représentative", s'insurge Emmanuel Martin, pour qui l'illusion fiscale "fonctionne par l'inflation". "Vous financez la dépense par l'inflation, donc vous avez au final un impôt d'inflation", continue-t-il. Un impôt discret où "les gens ne paient pas des impôts directement pour la dépense publique". Cependant, "comme l'État fait tourner la planche à billets, il va y avoir de l'inflation et il y aura un impôt d'inflation", prévient l'économiste.

Des impôts indirects

L'autre manière de faire l'illusion fiscale consiste à "multiplier les impôts directs". "On va vous anesthésier, on ne veut pas que vous sentiez que vous payer d'impôts", souligne Emmanuel Martin qui pour exemple donne le prix des carburants à la pompe. "Vous payez 70 centimes de taxe de consommation sur l'énergie, qui n'est pas inscrit sur le ticket", dévoile-t-il, ajoutant à cela "20 centimes de TVA sur la taxe". Soit un total de "90 centimes de taxes à la pompe alors qu'on ne voit que la TVA sur le ticket, pourtant on compte 150% de taxation pour un litre à 1,50 euros", détaille-t-il.

Parmi ces mécanismes d'illusion fiscale, la dette. "C'est un impôt indirect inter-temporel, pas un impôt que l'on paye aujourd’hui mais pour les prochaines générations", avertit l'enseignant à l'ICES. "Il faut bien comprendre que sur la dette, il faut payer les taux d'intérêts, chaque année la France paye 40 milliards d'euros d'intérêts sur sa dette", observe Emmanuel Martin. Une somme plus élevée que le budget dédié à la Défense ou à la Justice, rappelle-t-il. "Ces choses-là sont cachées, on n'exprime pas le déficit par rapport au budget public, mais par rapport au PIB", note l'économiste. "Tout est une question de la manière où c'est présenté", conclut-il.

 

 

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