Comment faire pour lutter contre les pénuries de médicaments ? Cette question, de plus en plus de Français se la posent ces dernières années, suite aux ruptures d'approvisionnement de médicaments et de vaccins de plus en plus fréquentes. Le Sénat vient de créer une mission d’information sur ces pénuries suite à la parution d'un rapport de l'Académie nationale de Pharmacie, qui alerte depuis dix ans sur les risques liés à l’indisponibilité et aux pénuries de médicaments. Selon l'Ordre des pharmaciens, ces dernières se sont multipliées par 10 entre 2008 et 2014. Et pourtant, Florent n’en avait jamais entendu parler jusqu’à l’an dernier, au moment de partir en vacances.
"C’était un vaccin pour l’hépatite A. Je devais partir en vacances à l’étranger, je suis allé à la pharmacie et je n’ai jamais réussi à avoir ce vaccin. Ils m’ont juste dit qu’ils ne pouvaient pas l’avoir, j’ai essayé 2-3 pharmacies, personne n’a réussi à me l’avoir… Du coup j’ai arrêté, et je suis parti sans faire mon vaccin", confie-t-il au micro de Sud Radio. Pharmacienne et présidente du syndicats des pharmaciens de Paris, Andrée Ivaldi se souvient, elle, d’une pénurie particulièrement problématique il y a six mois, celle d’un cachet pour contrer les nausées créées par la chimiothérapie. "Ce sont des patients qui sont déjà en souffrance suite à leur maladie. Tout est compliqué pour eux, et le fait de leur annoncer que le produit qu’il leur faut est en rupture, c’est parfois très compliqué à gérer psychologiquement", reconnaît-elle.
Pour expliquer ces pénuries, plusieurs facteurs sont à prendre en compte selon elle, notamment au niveau de la fabrication. "Parfois, c’est la matière première qui a un problème de fabrication et qui fait que toutes les molécules à base de cette matière première ne seront pas fabriquées. Ça va induire des ruptures sur différentes chaînes de fabrication et sur tous les produits qui vont contenir cette matière première. Ensuite, il y a des ruptures qui sont dues aux quotas imposés : il y a un certain nombre de produits en fabrication que le laboratoire ne doit pas dépasser. Pendant un certain temps, le produit ne sera donc pas disponible à la distribution", explique-t-elle.
Quant à elle, l'Académie nationale de Pharmacie recommande de distinguer les mesures à prendre d’urgence pour atténuer immédiatement le phénomène de rupture, et les mesures à plus long terme pour les prévenir.
Un reportage d’Adeline Tavet