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Cri d’alarme de 41 médecins réanimateurs : "le premier qui a trié, c’est le chef de l’État"

Après le cri d’alarme de 41 médecins réanimateurs, quelles sont les problématiques que pose la crise sanitaire en matière d’éthique médicale ? Emmanuel Hirsch, professeur d'éthique médicale et président du Conseil pour l'éthique de la recherche et l'intégrité scientifique de l'Université Paris-Saclay, était l’invité de Patrick Roger le 29 mars dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.

"Donner toutes les chances à la personne"

Les directeurs médicaux craignent de devoir trier les patients. Emmanuel Hirsch, professeur d'éthique médicale, comprend-il cette inquiétude ? "Le premier qui a trié, c’est le chef de l’État, qui a pris la décision de nous exposer au risque le 29 janvier à la situation que l’on connaît", estime-t-il.

"La vraie question pour un réanimateur ou un professionnel de santé est de donner toutes les chances à la personne qu’il va accueillir pour la soigner. Vous avez à la fois la question du triage et celle de la déprogrammation, deux questions complémentaires. Il existe une tradition hippocratique, le devoir d’accueillir toute personne malade. Nous sommes responsables vis-à-vis de l’individu et de la société. Il y a des arbitrages à prendre."

 

 

"Aller à l’encontre de leurs valeurs"

"Ce que ces médecins reprochent, notamment au chef de l’État qui assume ces décisions, est de ne pas en avoir fait un débat de société, juge le professeur d'éthique médicale. On a bien choisi, en matière de vaccination, de privilégier les personnes dans les Ehpad. C’est un choix politique qui a une signification. Ce que reprochent les médecins, c’est d’aller à l’encontre de leurs valeurs. C’est de se dire, comme c’est le cas dans certains services de réanimation 'cette personne aurait dû être réanimée, et elle ne le sera pas'. C’est une perte de chance. Pas uniquement pour des personnes qui ont le Covid-19, mais aussi des personnes qui ont des cancers, qui font des AVC. Se trouver ainsi contraint à des choix que l’on aurait pu éviter si l’on avait anticipé la situation, donné des moyens, c’est non seulement un dilemme éthique, mais aussi politique. Ils ont un devoir d’alerte."

"En médecine de catastrophe, d’urgence, on fait des choix, en privilégiant la personne qui a plus de chances de s’en sortir, rappelle-t-il. Ce pourrait être une discrimination à l’âge. Le dilemme n’est pas par rapport à des situations claires. Des choix sont faits a priori, et le Samu exerce aussi un arbitrage. Mais quand des personnes qui auraient pu bénéficier d’un traitement n’en bénéficient pas, c’est une crise morale. Deuxième point pour les personnes atteintes de maladie, qui ont aussi besoin de traitement, aujourd’hui, alors que l’on a plus de 80% de déprogrammation dans les hôpitaux parisiens, c’est une remise en cause des valeurs d’engagements qu’ils ont vis-à-vis de leurs malades."

Cliquez ici pour écouter "C'est à la une" avec Patrick Roger

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