Vous l’avez peut-être croisé dans la rue ou sur Twitter. Christian Page est sans doute le sans domicile fixe le plus connu de France. Son histoire, c’est sur le réseau social Twitter qu’il a décidé de la raconter, écrivant son "journal de rue" jour après jour. Aujourd’hui, après trois années passées dehors, le SDF 2.0 comme il se surnomme, a enfin trouvé un logement.
Salut à tous...
Je rêvais depuis longtemps de vous envoyer ce tweet...
D'abord ils m'ont blacklisté mais en fin de compte, ils ont plié...
Je ne suis plus #SansAbri...
Merci @EMMAUSolidarite et surtout merci à vous TOUS qui m'avez soutenu...
L'aventure continue... BIZ XXL... pic.twitter.com/JBdSDxZGWz
— Page (@Pagechris75) 6 août 2018
Son histoire, elle pourrait être celle de n’importe qui. Sommelier de profession, il a exercé vingt ans dans la restauration avant que la descente aux enfers ne commence : un divorce, une dépression, et pour finir la rue. Avec son sac de 20 kilos sur le dos, il passera trois ans dehors avant d’entrevoir enfin une porte de sortie. Durant ces longs mois, il va raconter son quotidien sur Internet. L’idée lui est venu d’un ami qui utilisait Twitter pour trouver du travail. Christian, lui, s’en servira comme d’un journal de bord.
Salut à tous...
3% de batterie au compteur, ce matin, c'est pas la joie...
Heureusement qu'il y a les abribus USB à Paris, ça sauve... Hé hé hé...
Merci @GroupeRATP ...Bonne journée...
Planquez vous à l'ombre et buvez un max de flotte... Il va faire chaud chaud chaud... pic.twitter.com/MxYGOw8Rbz— Page (@Pagechris75) 26 juillet 2018
Aujourd’hui locataire d’un studio à Clichy, Christian Page avoue ne pas avoir complètement réalisé : "Je suis surpris dans le bon sens. J’avais perdu l’habitude de me lever dans un lit, d’aller prendre une douche, de mettre des vêtements propres...". Mais, pour lui, ce n’est pas son compte Twitter aux 30 000 abonnés qui l’a aidé à sortir de la rue : "la notoriété que j’ai eue sur le réseau y est peut-être pour quelque chose, mais c’est surtout qu’après tout ce temps, c’était enfin mon tour". Aidé par des associations, Christian Page paie un peu plus de 80 euros par mois. Malgré tout, l’ancien sommelier reste sur ses gardes : "Rien n’est jamais acquis donc je fais attention. Ma situation n’est pas définitive".
Lui qui refuse de se revendiquer porte-parole des sans domicile fixe expliquant qu’il est "juste le sien et c’est déjà pas mal", a néanmoins quelques inquiétudes : "le gouvernement prévoit de supprimer 57 millions sur 4 ans pour les centres d’hébergement donc la situation ne va pas s’améliorer. Le chômage et la précarité augmentent, donc il y a plus de personnes susceptibles de se retrouver à la rue. S'il n’y a pas d’investissements dans les centres, cela ne va pas s’améliorer... ".
Désormais Christian envisage un futur plus serein et souhaite se reconvertir dans la communication via les réseaux sociaux. D’ailleurs, c’est promis, il continuera à alimenter son compte Twitter !
>>>> Réécoutez l'interview de Christian Page