Un reportage de Lionel Maillet pour Sud Radio.
Ce lundi, deux ministres - et pas des moindres, Elisabeth Borne, ministre du Travail, et Agnès Pannier-Runacher, déléguée à l'Industrie - se rendent sur le site de Bridgestone à Béthune. Avec pour objectif la sauvegarde d'un maximum d'emplois, idéalement les 863 concernés. Les représentantes du gouvernement rencontrent élus locaux et syndicats de l’usine du géant japonais.
Il y a dix ans, c’est un autre site industriel qui était menacé. L’usine de thé et d’infusion, Fralib, à Gémenos près de Marseille avait évité la délocalisation après plusieurs années de lutte contre le groupe Unilever. Déjà, à l'époque, les salariés se sentaient lésés par la parole politique.
Les ex-Fralib eux aussi ont vu défiler une ribambelle de personnalités politiques dans leur usine. Et ça ne rappelle pas que des bons souvenirs à l’ancien représentant de la CGT, Olivier Leberquier.
"Quand j'entends des personnes comme Xavier Bertrand venir expliquer qu'il faut aller en justice, je me souviens de ce même personnage en 2012 - alors ministre du Travail - quand il a fait tout ce qu'il fallait pour qu'Unilever échappe à ses responsabilités et ne nous permette pas d'avoir une action positive en justice. Alors il est très très mal placé pour venir expliquer ce qu'il faut faire aux salariés de Bridgestone."
Certains ont quand même tenu parole. Comme François Hollande qui devenu président a pesé pour empêcher que l’usine de thé et d’infusion ne soit délocalisée en Pologne. 42 emplois sauvés dont celui de Gérard Cazorla qui se souvient en bien de l'ex-président socialiste.
"François Hollande a fait partie de ceux qui ont poussé pour que nous arrivions à ne pas perdre nos emplois. On a bien vu que quand ils (les politiques, ndlr) veulent faire, ils peuvent faire. Car les choses se sont débloquées après."
Après un combat de trois ans et demi et 1336 jours d'occupation de leur usine, leur victoire, c'est surtout à eux-mêmes que les salariés la doivent.
"S'il n'y a pas d'action des salariés, le politique reste tranquille dans son coin. Sans rapport de force, il n'y a rien."
Dix ans après l’annonce de la fermeture, les ex-Fralib sont toujours là. Ils ont monté la coopérative Scop- Ti qui produit - encore - du thé et devrait d’ici peu dégager ses premiers bénéfices.