La police allemande a annoncé ce mercredi avoir déjoué un attentat à la ricine et arrêté un suspect tunisien à Cologne la semaine dernière. Un mode opératoire qui peut surprendre, même si la ricine a déjà été utilisée par le passé dans des actions terroristes, comme le rappelle Alain Rodier, directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R). "La ricine est un agent biologique de catégorie B, c’est-à-dire qu’il n’est pas considéré par les grands spécialistes comme extrêmement dangereux. Cela dit, elle peut provoquer la mort des gens qui y sont exposés. L’exemple parlant, c’est l’assassinat d’un opposant bulgare en 1978 à Londres, l’affaire du fameux parapluie bulgare. Mais il avait fallu vraiment le piquer et introduire à l’intérieur de son système sanguin une petite boule contenant de la ricine", explique-t-il au micro de Sud Radio.
Selon lui, il est toutefois prématuré d’affirmer que l’homme en question a été capable d’établir seul une bombe porteuse d’une substance toxique. "En laboratoire, la ricine peut être extrêmement dangereuse quand on la tire du ricin. Ma génération a bien connu l’huile de ricin comme laxatif. Les graines de ricine qu’on a trouvé en grande quantité chez cet individu sont disponibles. Arriver à séparer la partie ricine (extrêmement dangereuse) des graines de ricin, c’est faisable, mais c’est un peu le petit chimiste qui fait ça... Mais ensuite, constituer une bombe avec cette substance, c’est un problème beaucoup plus compliqué techniquement parlant. Je pense que s’il avait réussi à confectionner une bombe, il y aurait eu plus de morts par l’explosion elle-même que par le produit. Mais on aime bien se faire peur, donc on parle de produit très puissant et très dangereux", affirme-t-il.
"La ricine peut être ingérée soit par respiration soit par ingestion. Les deux sont aussi mauvaises : la première attaque les poumons et la deuxième l’estomac. C’est évidemment extrêmement nocif, mais entre mettre une bombe et faire se répandre la ricine pour tuer un maximum de gens, ça devient compliqué… Nous étions face à un risque certain, les Allemands ne mentent absolument pas, mais sur le plan technique, il y avait certainement beaucoup à redire", ajoute-t-il enfin.
Réécoutez en podcast toute l’interview d’Alain Rodier dans le 18h Sud Radio